Alcatel (Colombes - 92) : Dans les téléphones mobiles la crise c'est pour les salariés20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel (Colombes - 92) : Dans les téléphones mobiles la crise c'est pour les salariés

Depuis le mois de février de cette année, la crise dans le secteur des téléphones portables est patente. Ce sont bien sûr les salariés les premières victimes de cette " surproduction ".

Motorola, le n°2 du secteur, a annoncé 7 000 suppressions d'emplois dans ce domaine (Motorola prévoit pour l'ensemble de ses activités, 22 000 suppressions d'emplois, soit 15 % des effectifs mondiaux). Ericson, le n°3, a décidé de ne plus fabriquer lui-même, vendant toutes ses usines de production à Flextronics. L'usine Philips du Mans a fait six semaines de chômage au premier trimestre. Dans les usines de production d'Alcatel, à Laval et à Illkirch, il y a eu deux semaines de chômage technique au premier trimestre plus une semaine de " vacances " bloquée. Et, les comités d'entreprise de ces deux usines réunis le 10 avril ont annoncé deux nouvelles semaines de chômage pour le second semestre. Sans parler des nombreux intérimaires travaillant dans ces entreprises qui ont été les premiers " remerciés ". En novembre 2000, il y avait 220 intérimaires à Alcatel, chiffre réduit à quasiment zéro aujourd'hui. Quant aux entreprises de sous-traitance, elles annoncent partout des plans de suppressions d'emplois.

De fait, pendant quelques années, la demande était plus importante que l'offre. Chaque constructeur y trouvant son compte a tout fait pour augmenter ses capacités de production. Alcatel, par exemple, à Laval et à Illkirch (près de Strasbourg), s'est servi de la loi Aubry sur les 35 heures, pour faire tourner les usines de production des téléphones portables 24 heures sur 24, 360 jours sur 365.

Mais, patatras, depuis le début de l'année, les constructeurs annoncent les uns après les autres des stocks très importants. D'abord vingt millions de terminaux, puis maintenant cinquante, répartis pour moitié chez les opérateurs et chez les constructeurs.

La seule régulation que connaissent ces responsables, c'est celle du marché comme ils disent, éclairée par une armada de soi-disant spécialistes, de cabinets... qui se recopient les uns les autres.

Ainsi, les uns et les autres annoncent licenciements, chômage technique... mais la progression du marché devrait tout de même être de 20 % au lieu de 45 % l'an passé (chiffres cités par Alcatel en février 2001). " Un taux de croissance de 20 % prévu pour 2001 est honorable et les ventes attendues de 450 millions de terminaux dans le monde restent colossales ", peut-on lire dans ABS flash, journal interne d'Alcatel Business Systems.

Ainsi Alcatel qui avait vendu dans le monde onze millions de terminaux en 1999, près de vingt en 2000, et qui en annonçait 25 millions pour 2001 au début de l'année, réviserait aujourd'hui à la baisse ses prévisions pour 2001.

Ces chiffres montrent que, si les salariés sont inquiets, il y a de quoi, car des sociétés comme Sagem, mais aussi Philips et Alcatel ont déjà dit qu'elles étaient éventuellement prêtes à se débarrasser de ces secteurs si la rentabilité n'était pas assurée comme Danone le fait avec LU.

Les financiers, eux, ne sont pas inquiets ; même si la valeur en Bourse a sérieusement chuté, Alcatel a annoncé pour 2000 des résultats mirobolants. Le chiffre d'affaires a augmenté de plus de 36 % par rapport à l'année précédente et le résultat net a été multiplié par deux. Les prévisions pour 2001 sont une augmentation des ventes de 20 à 25 % avec un résultat opérationnel continuant d'augmenter deux fois plus vite. Et les actionnaires ont vu leur dividende augmenter de 9 % en 2000.

Alors, grandes manoeuvres ou pas, il n'est pas question pour les salariés de faire les frais de la situation.

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