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Leur société
Danone : Riboud l'humaniste
La résistance des travailleurs de LU, l'appel au boycott ont fait sortir de sa réserve le patron de Danone, Franck Riboud. Il a dénoncé le boycott de ses produits en se plaignant d'être devenu le " bouc-émissaire d'un combat politique ". Il refuse que Danone devienne " un symbole, celui d'une économie mondialisée ".
Il joue les victimes et fait l'étonné mais il savait très bien ce que ses décisions risquaient de déclencher. Dans une note interne de son entreprise, publiée par la presse, on peut lire : " Dans une France socialiste bien-pensante, l'annonce par un groupe, dont les résultats économiques sont remarquables, qu'il ferme la moitié de ses usines européennes de biscuits vient nourrir le débat sur la mondialisation... L'image d'un président performant et humaniste que Franck Riboud est en train de construire sera d'autant plus fortement mise en cause qu'il jouera à contre-emploi ". La note explique même qu'en terme d'argument les défenseurs du plan social de Danone devaient mettre l'accent sur la " sauvegarde de la compétitivité " mais pas sur l'" accroissement de la rentabilité ", chère aux actionnaires.
En plaidant sa cause, Riboud avance même des arguments qu'on peut retourner contre lui : " Pensez-vous réellement que Nestlé, Unilever ou Pepsico soient plus sociales que Danone ? La réponse est bien évidemment non ". Et réciproquement !
Interrogé sur le fait choquant qu'une entreprise très profitable, la sienne, qui fait des bénéfices records, supprime 1 816 emplois en Europe dont 570 en France, il reconnaît que " c'est le fond du problème " mais enchaîne aussitôt que, selon lui, il ne faut pas " attendre de faire des pertes pour prendre des décisions difficiles ". Et d'affirmer : " Oui, il peut être nécessaire de faire des restructurations même lorsqu'on fait des bénéfices ", tout en prétendant cyniquement que son entreprise " peut faire avancer le progrès social ". Il confond certainement le progrès social... et celui des dividendes des actionnaires.