Technique Française (Nettoyage chez Renault) : Les travailleurs déjouent les manoeuvres de leur patron06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Technique Française (Nettoyage chez Renault) : Les travailleurs déjouent les manoeuvres de leur patron

Chez Renault, à Boulogne-Billancourt, le ménage est assuré par une entreprise sous-traitante, TFN (Technique Française Nettoyage).

Les conditions de travail des employés de TFN sont celles que connaissent tous les travailleurs des entreprises de nettoyage : effectifs insuffisants, horaires à la carte, salaires très bas... et une maîtrise méprisante. A Boulogne, les effectifs ont régressé au fil des années et des renégociations de contrats par Renault, régulièrement revus à la baisse. En 12 ans, TFN est la quatrième société employée par Renault. Aujourd'hui, ces travailleurs sont 55 à assurer l'entretien des surfaces immenses que représentent encore les bureaux de Billancourt. Cinquante cinq, et ils sont employés 3 ou 4 heures de travail par jour, voire moins.

Il y a environ deux mois, ils ont créé une section syndicale CGT, désigné une déléguée syndicale. La quasi-totalité des travailleurs se sont syndiqués. Un mois plus tard, ils faisaient une journée et demie de grève pour demander des coefficients et l'amélioration de leurs conditions de travail. Ils n'ont pas obtenu tout ce qu'ils demandaient, et de loin, mais c'était un début. A la suite de cette grève la direction de TFN a intensifié pressions et menaces vis-à-vis de certains travailleurs. Et dernièrement, elle est passée à l'attaque.

Elle a construit, avec l'appui actif de Renault, un scénario délirant, destiné à décapiter le syndicat, en menaçant la déléguée syndicale et un autre camarade, tous deux candidats CGT aux prochaines élections de délégués du personnel : une chef d'équipe, particulièrement honnie, prétendit avoir été physiquement agressée par eux ; elle se fit faire un arrêt de travail de 10 jours et porta plainte - mais cette pseudo-agression ne l'empêcha pas de revenir le jour même chez Renault où tout le monde put voir qu'elle se portait très bien! Pour préparer la grande scène de l'agression, la veille au soir, sept gardiens de Renault avaient été appelés par le responsable Renault du nettoyage, pour "constater l'état d'ébriété d'un des deux camarades, censé avoir bu... alors qu'il finissait tranquillement et sobrement sa journée... TFN alla même jusqu'à demander à un gardien de faire venir la police de Boulogne sous prétexte qu'il risquait d'être dangereux ! Ce que le gardien refusa catégoriquement. But de toute cette machination : les deux camarades étaient convoqués mercredi 28 mars pour une sanction ; tout le monde savait que la direction de TFN visait leur licenciement.

Devant cette farce grossière, les travailleurs de TFN se sont mis en grève immédiatement, le vendredi 23 mars, exigeant l'annulation des convocations et décidés à obtenir le plus vite possible la mutation de la chef d'équipe détestée. De leur côté, de nombreux travailleurs de Renault signaient une pétition de soutien.

Mardi matin, la grève continuait, et trois responsables de TFN se rendaient dans les locaux de la CGT Renault, pour y rencontrer les deux camarades "inculpés , un délégué central CGT de TFN et deux délégués de la CGT Renault. Mais ils ne s'attendaient pas à rencontrer l'ensemble des grévistes qui participèrent à la séance ! Les directeurs de TFN en ont entendu des vertes et des pas mûres, les grévistes ont vidé leur sac. Six heures plus tard, la direction de TFN reculait : elle annulait les convocations de mercredi et annonçait la mutation de la chef d'équipe.

Pour les grévistes de TFN, c'est une victoire, que partagent les salariés de Renault. D'autant que le jeudi 29 mars, la direction de TFN connaissait un nouveau revers : une plainte qu'elle avait déposée en justice pour tenter de faire annuler les prochaines élections de délégués a été déclarée irrecevable par la juge.

Une claque, et, comme tout le monde l'espère, pas la dernière !

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