À Sangatte (Pas-de-Calais) : Le gouvernement entasse les réfugiés et s'en lave les mains06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

À Sangatte (Pas-de-Calais) : Le gouvernement entasse les réfugiés et s'en lave les mains

Des centaines de réfugiés, pour la plupart originaires de Turquie, d'Irak, d'Iran ou d'Afgha nistan, s'entassent dans un centre de la Croix-Rouge, un hangar qui fut utilisé lors de la construction du tunnel sous la Manche à Sangatte, près de Calais.

Ils y sont en moyenne entre 600 et 800 par jour, parfois beaucoup plus, 1 400 au cours du mois de décembre dernier, dans un lieu "officiellement apte à en accueillir deux cents. Des "zones d'attente semblables existent aussi à Roissy et à Arenc, près de Marseille. Le manque d'hygiène y est total, la promiscuité insupportable, et l'arbitraire policier y règne sans contrôle. En 1999, près de 15 000 étrangers sont passés par un centre de ce type, dit de rétention. A Sangatte, les réfugiés vivent dans l'espoir de réussir à se faufiler en Grande-Bretagne car les conditions d'accueil pour les réfugiés seraient, à leurs yeux, plus aisées qu'en France.

Ces hommes, ces femmes parfois accompagnés d'enfants et de vieillards ont fui leur pays, poussés par la misère certes mais aussi par les guerres incessantes qui ont ravagé toutes ces régions poussant parfois les peuples, les ethnies et les minorités religieuses les uns contre les autres. Pour cela ils ont dû payer des sommes exorbitantes si on les rapporte à leurs moyens, souvent les économies de toute une vie, ou bien s'endetter. Ils ont dû prendre des risques mettant leur vie en danger. Dans les pays riches, il est de bon ton pour les politiciens, les journalistes, chantres des gouvernements en place, et toutes les bonnes âmes professionnelles de verser quelques larmes sur la misère en général et de s'en laver les mains lorsque le problème se pose concrètement à eux. Ou pire, de les parquer, en attendant les résultats d'une demande d'asile qui aboutit, presque toujours, à un refus.

Les gouvernements des pays riches, dont le gouvernement français, portent pourtant une responsabilité majeure dans cette situation, que ce soit par leur soutien à des régimes comme celui de la Turquie qui opprime et persécute les Kurdes, leur interdisant toute possibilité de vie nationale, ou à des factions islamistes concurrentes comme en Afghanistan ou encore par des interventions armées directes comme le fut la guerre du Golfe. Les Occidentaux y incitèrent même les Kurdes et les Chiites à se dresser contre Saddam Hussein puis laissèrent les mains libres à ce dernier pour les écraser.

"On ne peut pas accueillir toute la misère du monde déclarait, il y a quelques années, Rocard, mais il n'a pas le monopole de ce propos. Alors on entasse les réfugiés dans des centres. Il y a quelques mois, dans un rapport parlementaire, le député socialiste Louis Mermaz les qualifiait "d'horreur de la Répu blique mais ce rapport, comme les nombreux rapports sur ce sujet, n'a été suivi d'aucun effet. En 1999, il y avait 30 000 demandeurs d'asile en France. Seulement 6 000 ont été agréés. Il y a toujours 60 000 sans-papiers connus, déclarés, mais pas régularisés.

On traite comme des criminels des femmes et des hommes qui sont les victimes d'une organisation économique qui pille et ruine des régions entières du globe et les plonge dans des guerres fratricides.

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