Jospin a protesté pour la forme contre Marks & Spencer (sur la "méthode uniquement), mais n'a rien dit de précis pour Danone (qui vient de recevoir des subventions publiques !). Quant à prendre des mesures pour leur interdire de licencier, moins question que jamais. Suite au désaveu de l'électorat ouvrier à la gauche plurielle aux dernières municipales, Jospin a l'aplomb d'affirmer qu'il va "maintenir son cap , et même mettre "du vent dans les voiles de sa politique. Sa politique au service des capitalistes.

Alors, ras-le-bol ! Ras-le-bol des licencieurs, des profiteurs, et de tous leurs lèche-cul au gouvernement. "Ça chauffe sur le front social dit la radio. Oui. Cela commence à chauffer sérieusement dans bien des endroits : à propos des retraites, des salaires, des conditions de travail, et bien sûr des licenciements. Cela chauffe chez les conducteurs de bus, les traminots, les cheminots, dont bon nombre ont continué de faire grève au-delà des journées appelées par les syndicats. Mais cela chauffe aussi chez les sages-femmes, ou chez les caissières d'hypermarché d'Auchan ou d'ailleurs, qui ont un salaire de "temps partiel , mais font des journées de dix ou douze heures d'amplitude ! Et chez bien d'autres.

Et quand cette ouvrière de Danone, à Calais, lundi matin, a appelé toute la population du pays à boycotter ces fichus biscuits Lu et autres produits Danone qui engraissent les actionnaires de la firme mais mettent au régime patates les ouvrières et les ouvriers qui les fabriquent, nous nous sommes tous et toutes sentis solidaires, du nord au sud du pays, dans toutes les branches, tous les secteurs.

Elle a eu raison, et comment, de s'adresser à tous les travailleurs, de faire appel à la solidarité de tous les salariés, cette ouvrière de Danone. Solidaires, d'abord en boycottant les produits Danone. Ce serait un bon début, un "message fort au patronat comme à ses larbins au gouvernement, pour reprendre le jargon de ces gens-là.

Oui, travailleurs de Danone, Marks & Spencer, Bosch, Bull, des transports, de l'automobile, des hôpitaux, des services publics, du bâtiment et de tout le reste... même combat ! Même combat pour l'interdiction des licenciements, pour les retraites, les salaires, contre la flexibilité, la précarité, la surexploitation.

Pour une véritable manifestation nationale, dans tout le pays, pour l'interdiction des licenciements, les retraites et les salaires

Danone s'enrichit et licencie ? Boycott, et d'un ! Répondons à l'appel des ouvrières de Calais !

Mieux : pourquoi pas une manifestation nationale, de tous les salariés, de tous les secteurs, pour l'interdiction des licenciements ? Et de deux ! Pas seulement une manifestation symbolique locale, à Calais, pour dans trois semaines, comme l'a proposé Robert Hue au nom du PCF. Mais une véritable manifestation nationale, unitaire, dans toutes les villes du pays, de Calais à Ris-Orangis, de Clermont-Ferrand à Paris, de la Ciotat à Drancy... car les Michelin, Danone et autre Vivendi ont sévi et continuent de sévir partout.

Danone et bien d'autres licencient, Jospin maintient son cap ? C'est le moment pour les travailleurs, tous ensemble, dans tous les secteurs, tous les métiers, de faire leur première véritable démonstration de force dans la rue, depuis bien des années.

Ce gouvernement a reçu une gifle de la part de l'électorat ouvrier aux dernières municipales. Or il persiste et signe, en même temps que les plans de restructurations se multiplient. Oui, vraiment, les militants ouvriers qui veulent sincèrement défendre les intérêts de leur classe ont leur rôle à jouer, quelle que soit la politique de leurs dirigeants. Il est temps qu'ils préparent une mobilisation unitaire, nationale. N'est-ce pas ce que leur demandent, à leur façon, les mères de famille de chez Danone, de Calais ou de Ris Orangis, que l'on a vues et entendues à la télé s'adresser à tout le pays et demander la rage au coeur ce qu'elles allaient faire désormais avec leurs enfants ?

Une telle manifestation nationale, ce ne serait qu'un début, bien sûr. Un moyen pour les militants, les travailleurs combatifs de tous horizons, de mesurer leurs forces, leur moral, leur détermination, afin de préparer une mobilisation encore plus large et surtout plus dure si les Riboud de tous poils et leurs valets, de droite et de gauche, ne comprennent pas assez vite. On verrait alors si Jospin continuerait d'affirmer qu'il veut "maintenir le cap , le cap des profits. On verrait si les PDG, y compris ceux qui se disent de gauche, comme ceux de Danone, et tous leurs pareils, continueraient de se vanter de vouloir mettre le personnel à la porte "quand tout va bien . Car il serait enfin question d'une riposte à l'échelle de toute la classe ouvrière, celle qui s'impose.

Il faut que le gouvernement et les patrons sachent désormais qu'à chaque fois qu'ils frappent des salariés, tous les autres, dans tout le pays, prennent fait et cause pour eux, et n'hésitent pas à descendre tous ensemble dans la rue.

Ce n'est pas le langage qu'ont tenu les dirigeants des confédérations syndicales, même ceux qui se sont dits indignés comme Marc Blondel, pour ne pas parler évidemment de ceux qui ont dit comprendre Riboud comme Nicole Notat. Ce n'est pas non plus celui des dirigeants de la gauche plurielle. Nous ne parlons pas de Jospin ou de Mamère, évidemment. Mais ce n'est pas vraiment le langage qu'a tenu Robert Hue, ni ce qu'il propose, même s'il a été le seul à réagir vite devant l'émotion du monde du travail.

Pourtant il faut bien que quelqu'un le tienne, ce langage. Il faut bien que quelqu'un les propose, ces initiatives qu'attendent certainement beaucoup de militants des syndicats, des partis de gauche, des associations populaires, et tout simplement, plus nombreux encore, de travailleurs et de gens du peuple.

Alors, c'est bien ce que peut et doit, surtout si elle est la seule, proposer l'extrême gauche, elle vers qui une partie de l'électorat ouvrier s'est tourné le mois dernier.