- Accueil
- Lutte ouvrière n°1708
- Marseille : La grève des éboueurs
Dans les entreprises
Marseille : La grève des éboueurs
Les éboueurs de Marseille ont repris le travail le mardi 3 avril. Depuis des années le ramassage des ordures dans les quartiers populaires de la ville a été confié par la municipalité à plusieurs sociétés privées, filiales de groupes comme Vivendi pour la Polyurbaine par exemple.
Les travailleurs de la Polyurbaine ont commencé la grève le 26 mars. Ils revendiquaient des embauches, des primes, des bennes supplémentaires et de meilleures conditions de travail. Après eux, ce sont les éboueurs d'Onyx, puis de la société Abilis qui se sont mis en grève sur des revendications similaires.
Les causes de mécontentements ne manquent pas : bas salaires, moyens en bennes et en personnel calculés au plus juste par les directions. Le recours à l'intérim est de plus en plus fréquent : chez Abilis, des éboueurs travaillent depuis plusieurs années en intérim. Sans compter les brimades du style de cette réflexion d'un directeur : "Faites attention à ces nouvelles pelles (ah bon, il ne faut pas les user ?...) autrement la prochaine fois je vous donnerai de la merde .
Cette attitude provoque un ras-le-bol et a aussi des conséquences sur le service lui-même : les rues de ces quartiers (comme par hasard les quartiers Nord et le centre-ville, c'est-à-dire les plus populaires de Marseille) sont toujours sales. Ce qui fait dire aux éboueurs qu'il faut au moins trois jours d'arrêt du travail pour que l'on se rende compte enfin qu'ils sont en grève !...
Il a suffi de quelques jours de grève pour que la situation devienne intenable, preuve que leur travail est indispensable. Les ordures s'accumulaient sur les trottoirs et s'éparpillaient au moindre coup de vent. La télévision a insisté sur la gêne du commerce ou sur la mauvaise image de Marseille, au moment de la fête de la course à la voile The Race sur le Vieux Port, mais elle a peu parlé des conditions de travail et des salaires des éboueurs, ou du scandale de ces sociétés qui font des profits sur un service public.
A la suite des négociations organisées avec les trois syndicats FO, CFDT, CGT, les travailleurs d'Abilis, les derniers qui étaient encore en grève le 3 avril, ont obtenu de travailler, dans le cadre des 35 heures, sur le rythme de six jours de travail suivis de trois jours de repos, revendication à laquelle ils tenaient. Ils ont obtenu une prime de vacances de 1 500 F et un rippeur (celui qui charge la benne) de plus pour la benne de nuit.
Il reste bien d'autres problèmes à régler, comme celui des salaires ou des intérims et autres éboueurs sous contrats temporaires qu'il serait indispensable d'embaucher définitivement.