Licenciements en série06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Licenciements en série

Les licenciements chez Danone et Marks & Spencer font la Une des journaux. Mais elles sont loin d'être les seules entreprises à supprimer des emplois, non parce que les affaires vont mal mais parce que les actionnaires imposent qu'elles aillent encore mieux.

Les suppressions d'emplois, effectives ou annoncées, n'épargnent aucun secteur.

Trois cents emplois sont à nouveau menacés chez Ericsson. Sous prétexte que l'industrie du téléphone mobile subirait un simple ralentissement, des centaines d'emplois seraient menacés chez Sagem (600 pour la seule usine de Sablé-sur-Sarthe), Philips, Alcatel et bien sûr, chez tous leurs sous-traitants. Dans l'industrie automobile, la société Syléa menace de fermer deux de ses usines, ce qui priverait d'emploi environ 600 travailleurs. Pourtant, la société en question, filiale de Valéo, est liée elle-même à la CGIP, holding d'Ernest-Antoine Seillière, le patron du MEDEF, qui a triplé son bénéfice net au cours de l'année 2000. C'est dire que l'argent ne manque pas qui pourrait servir à maintenir les emplois. Delphi, autre équipementier automobile, annonce la fermeture d'une usine dans le département de l'Eure, menaçant 275 salariés de se retrouver à la rue, à la suite des quelque 11 500 suppressions de postes exécutées dans différentes usines de ce trust américain de par le monde.

Dans l'informatique, Bull entend supprimer encore 1 900 emplois. Dans l'électroménager, le mariage de Moulinex avec Brandt n'a pas fini de se traduire par des emplois en moins : 2 200 sont toujours menacés. Dans l'industrie pharmaceutique, le groupe Aventis prévoit encore des suppressions de postes (dont, entre autres, 800 dans la région lyonnaise), alors qu'on sait combien la santé de ses profits est florissante. Dans le transport aérien, ce sont aujourd'hui les emplois des 7 200 salariés d'AOM-Air Liberté-Air Littoral qui seraient menacés, sous prétexte que le groupe suisse, SAirGroup (anciennement Swissair) auquel appartiennent ces sociétés, considère que cela n'est pas rentable. Les salariés de ces entreprises devraient donc faire les frais de la politique des groupes du transport aérien qui, il faut le rappeler, ont défendu il n'y a pas si longtemps la déréglementation des lignes aériennes, expliquant qu'avec la fin du monopole, tout le monde serait gagnant : les voyageurs parce que les billets seraient moins chers, les salariés parce que les conditions de travail et de salaires seraient améliorées, et les actionnaires bien sûr auxquels les bonnes affaires permettraient d'engranger des dividendes plus importants. On voit le résultat de cette politique, aujourd'hui, qui risque de coûter leur emploi à des milliers de salariés.

Cette liste des entreprises qui licencient ou menacent de le faire est, malheureusement, loin d'être complète et définitive. Et pourtant, les prétendus économistes continuent de parler de croissance. Pour eux la seule croissance qui compte, c'est celle des profits.

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