Israël-Palestine : La politique du pire06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : La politique du pire

Jamais, depuis six mois que dure la "seconde Intifada , les affrontements n'ont été aussi meurtriers entre l'armée israélienne et les Palestiniens, et le nombre des morts augmente sans cesse et approche des cinq cents.

Ce qui a particulièrement ravivé la tension, c'est la mort d'une fillette israélienne de dix mois qui a été tuée par un tireur palestinien, près d'une maison de la colonie juive d'Avraham Avinou, située dans la ville arabe de Hébron. C'est abominable, même si le tireur a voulu ainsi venger les dizaines d'adolescents palestiniens tués par l'armée ou les colons israéliens. Mais les parents de la gamine avaient emmené celle-ci vivre - et mourir - dans une zone qu'ils savaient dangereuse. Ils font partie de ces quelques dizaines de familles qui ont choisi de s'installer dans une ville peuplée de cent mille Palestiniens, où la présence de colons juifs intégristes est une provocation permanente, et où leur protection nécessite la présence constante de l'armée israélienne. Provocation encouragée par Sharon qui a déclaré que la colonie juive en question était là "pour toujours .

D'ailleurs, il y a bien d'autres crimes envers les enfants. Ainsi un gamin palestinien de quatre ans souffrant de problèmes cardiaques est mort à la suite de l'empêchement, par les autorités israéliennes, de se rendre en Egypte, où on devait l'opérer. Et cette fois il ne s'agissait pas du geste d'un tireur, peut-être incontrôlé, mais de l'attitude réfléchie des représentants de l'Etat hébreu.

Le renforcement de la répression

Pendant que les affrontements meurtriers et les attentats continuent de plus belle, le gouvernement Sharon met en place sa politique répressive, conforté par le soutien affiché de la nouvelle administration américaine. A vrai dire pour la population palestinienne il n'y a pas grand-chose de changé par rapport au gouvernement précédent du travailliste Barak. C'était la répression, cela reste la répression. Et d'ailleurs le dirigeant travailliste, qualifié de "colombe , Shimon Pérès, appuie à fond le durcissement actuel. Ceux qui cherchent une différence entre la gauche travailliste et la droite israéliennes auront de plus en plus de mal à la trouver.

La politique de bouclage des territoires occupés par Israël s'est encore durcie, avec pour conséquence une misère plus terrible que jamais pour les Palestiniens. Le manque de tout, de travail, de nourriture, d'eau, de soins, de médicaments, et... d'espoir, est voulu par les dirigeants israéliens. Il s'agit de contraindre au découragement et au départ le maximum de Palestiniens. Seulement où pourraient-ils aller ? Et de toute façon ceux qui restent n'ont qu'une envie, celle de se venger de leurs oppresseurs.

L'armée israélienne a accentué sa pression sur l'Autorité palestinienne en bombardant la garde personnelle de Yasser Arafat, faisant des morts et des blessés. Et, en outre, en violation des accords sur l'autonomie palestinienne de certains secteurs, l'armée israélienne est allée y arrêter quelques cadres palestiniens accusés de terrorisme. Les dirigeants israéliens qualifient maintenant couramment Arafat et l'Autorité palestinienne de terroristes, et voudraient qu'Arafat fasse la police pour le compte des Israéliens. Mais cela fait déjà pas mal de temps qu'Arafat contrôle de moins en moins la situation et, le voudrait-il, qu'il ne pourrait plus empêcher des Palestiniens de tirer sur des colons juifs ou de poser des bombes en Israël même, et encore moins aux adolescents de lancer des pierres.

la sécurité israélienne menacée... par les colonies

Pour commencer à résoudre cette question il faudrait que les Israéliens abandonnent leurs colonies en Cisjordanie et à Gaza. Sharon a bien annoncé qu'il n'y en aurait plus de nouvelles, mais qu'en revanche celles qui existent déjà... pourraient s'agrandir !

C'est ainsi que la colonie juive d'Har Homa, entre Jérusalem et la ville arabe de Bethléem, vient de recevoir l'autorisation d'ajouter 2 800 logements aux 2 334 déjà en cours de construction. Il s'agit de ceinturer Jérusalem de quartiers juifs afin d'empêcher un éventuel partage de la ville à l'avenir, les quartiers arabes étant ainsi entièrement encerclés.

Cela ajoute une nouvelle provocation à toutes celles que les Palestiniens ont déjà dû supporter. Sharon aura beau renforcer la répression et accentuer le dénuement des Palestiniens, il n'a aucune solution : jamais les colonies juives en Cisjordanie et à Gaza ne pourront vivre normalement et pacifiquement. Il faudra pour assurer leur - relative - sécurité la présence permanente des troupes israéliennes. Certes les Israéliens peuvent tenir longtemps, mais pas éternellement malgré les rodomontades de Sharon.

Et même si les Israéliens ont eu beaucoup moins de victimes que leurs adversaires, ils comptent quand même plus de soixante-dix morts. Sharon a annoncé que le rétablissement de la sécurité (pour les Israéliens s'entend) "ne se fera pas du jour au lendemain , et le ministre de la Sécurité intérieure dit que "cela prendra des semaines, sinon des mois... En effet, et cela fait même... des années que ça dure !

Malgré leur écrasante supériorité technique et militaire, les Israéliens se sont enfoncés dans une impasse, et cela, même le "faucon Sharon n'y peut rien.

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