Collision de deux trains en Belgique : Derrière "l'erreur humaine , l'irresponsabilité du gouvernement06/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1708.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Collision de deux trains en Belgique : Derrière "l'erreur humaine , l'irresponsabilité du gouvernement

Deux trains se sont percutés de face sur la même voie : huit morts, dont les deux conducteurs.

C'est le coût de la gestion des gouvernements successifs qui ont négligé depuis des années les problèmes de sécurité pourtant souvent soulignés par les travailleurs de la SNCB.

A force d'économies de personnel et de sous-investissement, le réseau ferroviaire est devenu de plus en plus dangereux, et le nombre d'accidents de trains n'a cessé de croître ces dernières années.

Juste après l'accident, le patron de la SNCB affirmait qu'il ne s'agissait pas d'un problème technique mais d'une erreur humaine. Au lieu de chercher les vraies responsabilités, certains politiciens et journalistes ont commencé à spéculer sur d'hypothétiques dissensions entre deux aiguilleurs flamand et wallon. Le fait est qu'ils n'ont pas pu se comprendre pour faire stopper les trains parce qu'aucun d'eux ne comprenait la langue de l'autre.

Mais cet accident est d'abord imputable à l'absence de moyen de communiquer avec les conducteurs de trains sur cette ligne secondaire... L'équipement était paraît-il prévu... mais pour le mois de mai ! De plus la liaison entre les postes d'aiguillage les plus proches était en panne. Et comme cette zone est à la frontière entre la Flandre et la Wallonie, le basculement d'un poste de régulation à l'autre et la différence de langue ont contribué à ce que la demande de coupure de courant pour bloquer les deux trains arrive quelques secondes trop tard.

Un conducteur a effectivement brûlé un feu rouge. Mais les responsables de la SNCB n'ont rien fait pour qu'une telle erreur ne se transforme pas en catastrophe, alors que les moyens techniques existent depuis longtemps, comme les freins automatiques en cas de franchissement de feu rouge. Mais comme cette ligne n'est pas fréquentée par les hommes d'affaires, sa mise aux normes a traîné, comme pour de nombreuses autres lignes secondaires du pays.

En plus du manque de moyens techniques, il y a un manque de personnel.

Les conducteurs sont surchargés de travail, ils ont 600 000 jours de congé à récupérer. La SNCB devait engager 3 000 agents de plus cette année, mais elle s'est contentée de 600 conducteurs, faute de budget. Les formations des conducteurs sont rognées de 18 à 12 mois. Et aucune formation linguistique n'est envisagée pour la majorité des agents, alors que la SNCB pourrait encourager le bilinguisme en généralisant des formations payées.

Comme ses prédécesseurs, le gouvernement en place a décidé de continuer de laisser les chemins de fer se dégrader.

Depuis des semaines se discutait le budget décennal de la SNCB. Il était l'objet des affrontements habituels entre politiciens flamands et wallons, et, au sein des wallons, entre ministres socialistes et ministres Verts. Finalement, la ministre Verte en charge des transports a perdu la partie et s'est fait partiellement dessaisir du dossier, ce qui devient une habitude car c'est la troisième fois qu'un ministre Vert se voit publiquement retirer une partie de ses prérogatives par le Premier ministre libéral.

Quant aux menaces des Verts de quitter le gouvernement si un budget suffisant n'était pas alloué à la SNCB, elles n'ont pas été mises à exécution, alors que le budget annoncé est inférieur à leurs exigences minimales.

Le gouvernement a décidé d'attribuer 677 milliards de francs belges, mais tout indique que c'est bien insuffisant pour faire face aux besoins.

D'autre part, le gouvernement prépare la privatisation en annonçant qu'il faut envisager des ventes d'actifs de la SNCB, avoir recours au leasing et créer des filiales avec ouverture au capital privé. La ministre des Transports Verte wallonne, Isabelle Durant, qui est contre, jure que le service public n'est pas mis en cause. Mais le ministre libéral flamand DeWael se vante déjà "du pas important fait vers la privatisation.

Quant aux syndicats de cheminots, ils ont été évincés du conseil d'administration de la SNCB. Ce n'est pas qu'ils étaient particulièrement contestataires sur le plan des effectifs, des conditions de travail et des salaires. Mais parce qu'ils risquent de faire obstacle à la remise en cause de la situation actuelle, on les écarte.

Mais les intérêts des appareils peuvent peut-être rejoindre le profond mécontentement des cheminots pour des actions dans les semaines qui viennent.

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