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Dans le monde
Trafic d'armes avec l'Angola : Avec la bienveillance de l'Etat
L'enquête sur le trafic d'armes avec l'Angola, impliquant entre autres Jean-Christophe Mitterrand et l'homme d'affaires Falcone, se poursuit et vient de s'enrichir des témoignages des services secrets.
Les "affaires" qui font l'objet d'instructions judiciaires se suivent et se ressemblent. Elles soulèvent un coin du voile sur les pratiques du monde capitaliste, dont on nous vante tant les vertus, et de ce monde des riches si fiers de leurs talents et de leur réussite, tellement méritée selon leurs dires.
Dans l'histoire du tandem Falcone et de son associé Gaydamak, flanqués entre autres d'un fils Mitterrand, d'un ex-préfet et de l'écrivain Sulitzer, on retrouve les ingrédients habituels : des dirigeants de sociétés ayant pignon sur rue et se payant les bons offices de hauts fonctionnaires pour, d'une main, vendre des armes entre autres en Afrique et, de l'autre, faire main basse sur toutes sortes de matières premières, dont du pétrole. Le résultat est un accroissement de la misère, voire des famines, et la multiplication des conflits dans ces situations tragiques.
Comme viennent de le révéler les derniers documents transmis dans le cadre de l'enquête, ce commerce lucratif, qualifié de "commerce d'armes illicite" par la justice, n'était absolument pas un secret pour les sommets de l'Etat. Ceux-ci s'en accommodaient puisque des "notes" des services secrets, celles de la DGSE dépendant du ministère de la Défense, qui remontent à 1993, ainsi que des rapports de la DST, dépendant du ministère de l'Intérieur, suivaient avec régularité les activités de Falcone et Gaydamak. Ce dernier est considéré comme "proche des milieux de la criminalité russe organisée" par la DGSE et comme un "homme d'affaires avisé" par la DST qui ajoute : "La fortune rapidement acquise par l'intéressé, qui fait preuve d'un indéniable sens des affaires, est sans doute à l'origine de "rumeurs" ("banquier de la mafia russe, agent du KGB, trafiquant d'armes")". Ces deux appréciations ne s'opposent pas vraiment. Un homme respectable en somme, victime des mauvaises langues, dont certaines révèlent aujourd'hui qu'il est aussi notoirement un agent de cette même DST.
Cette familiarité avec des officines du ministère de l'Intérieur, il la partageait d'ailleurs avec son acolyte Falcone qui bénéficia entre autres de "l'aide" d'un membre de la Sofremi, l'organisme du ministère de l'Intérieur chargé des ventes à l'étranger de matériel policier, pour acheter du matériel de "transmission" en Italie, qu'il aurait ensuite revendu trois fois le prix initial sous une étiquette française.
En bref, voilà des marchands d'engins de mort comme les autres, pour lesquels les services de l'Etat ont toujours fait preuve de la plus grande bienveillance.