Renault Guyancourt (78) : Les élections au CE... et les vrais problèmes des travailleurs30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Guyancourt (78) : Les élections au CE... et les vrais problèmes des travailleurs

L'établissement du Technocentre Renault, créé au 1er janvier 1999 et qui comprend les sites de Guyancourt et celui d'Aubevoye en grande banlieue parisienne, regroupe près de 7500 personnels Renault et environ 2200 personnels de sociétés de prestation.

Les premières élections DP et CE avaient été plutôt un succès pour la CGT qui avait remporté 5 sièges au CE contre 4 à la CFE/CGC et 3 à la CFDT. D'autre part, la CGT était la première organisation syndicale sur le Technocentre au cumul des voix des trois collèges. Mais deux ans plus tard, la situation a quelque peu changé.

D'abord, il y a eu à la suite de l'accord de RTT, signé en 1999, la création du syndicat SUD qui a été reconnu représentatif au début de l'année 2000. Ensuite, toujours à la suite de cet accord, et de celui de l'accord CASA (Cessation d'Activité des Salariés Agés), la direction a procédé, fin 1999 et courant 2000, à l'embauche de près de 800 cadres et 300 ETAM "à potentiel cadre" (Bac +3).

Enfin, il y a eu les péripéties des élections CE et DP qui devaient se tenir en décembre 2000 et qui ont été reportées du fait des contestations de la CGT et de SUD sur les effectifs à prendre en compte pour déterminer le nombre de sièges à pourvoir aux élections. Les 2 200 prestataires en effet n'étaient pas pris en compte par la direction.

Suite à cela, la direction avait proposé un compromis dissociant les élections CE et DP, ayant comme conséquence de proroger les mandats des élus du CE et pas ceux des élus DP à compter du 1er janvier 2001.

La CFE/CGC, considérant sans doute que le vote des cadres lui était acquis, a axé sa campagne vers les ETAM à "potentiel", leur évolution de carrière, de salaire, et revendiquant pour eux la possibilité du passage cadre. Du côté de la CGT, ce qui est ressorti de sa campagne est son souci de capter l'oreille des cadres dont elle surévaluait le mécontentement latent. S'adresser aux cadres est une orientation qui se confirme depuis plusieurs années à la CGT, et pas qu'au Technocentre. Elle justifie cette politique par le nombre de cadres qui grandit dans les entreprises.

L'évolution des effectifs en faveur de la catégorie cadres et l'arrivée de SUD sur la scène du Technocentre ont fait que les rapports de force intersyndicaux ont été un peu chamboulés. La CFE/CGC a remporté 6 sièges sur les 13 à pourvoir, devenant même en cumul des voix, tous collèges confondus, la première organisation syndicale du Technocentre. La CGT, qui escomptait emporter un siège supplémentaire, en perd un et même deux en suppléants. Avec 4 sièges, elle est toujours le premier syndicat sur les 1er et 2e collèges, mais plus sur l'ensemble des 3 collèges comme auparavant. SUD est le 3e syndicat au total des voix, mais pas en nombre de sièges (1 siège titulaire et 2 sièges suppléants).

Quant à la CFDT, qui fait moins de voix que SUD au total, elle a obtenu 1 siège au 2e collège et un autre au 3e collège où SUD ne se présentait pas.

Depuis le 11 mars, les préoccupations des directions syndicales sont toutes orientées vers la désignation du futur secrétaire du CE qui sera nécessairement CFE/CGC, puisque la CGT a annoncé ne pas présenter de candidat. La CGT se contente de proposer aux autres syndicats une répartition "pluraliste" des postes secondaires (secrétaires adjoints, trésorier et trésoriers adjoints) pour mettre en place un bureau où tous les syndicats seraient proportionnellement représentés.

Mais la CGT propose et la CFE/CGC dispose puisqu'avec la voix possible du président du CE (le chef de l'établissement) elle peut disposer d'une majorité de 7 voix sur 13 pour gérer les quelque 40 millions qui constituent le budget annuel du CE du Technocentre.

Les militants de la CGT, en particulier, ont été touchés par le recul et l'échec de leur syndicat. Mais l'agitation des directions syndicales sur la gestion du CE ne semble pas les émouvoir, pas plus que l'ensemble des travailleurs. Les problèmes quotidiens de surcharge de travail, de travail précaire, de flexibilité, d'heures supplémentaires massives et de salaires demeurent comme dans toutes les autres grandes entreprises du pays. En attendant, la direction continuant de camper sur ses positions, il n'y a toujours pas, dans une grande entreprise comme Renault Guyancourt, de délégués du personnel !

Les adhérents de la CGT qui sont les plus militants et les plus combatifs restent confrontés à ces préoccupations de tous les jours. Ni les élections, ni les discussions sur le poste de secrétaire du CE n'y répondent.

Pourtant, tôt ou tard, ce sont bien ces questions dont dépend la vie de tous les jours qu'il faudra mettre sur le devant de la scène.

Partager