Journée mondiale de l'eau : Des discours pour les pays pauvres, des profits pour Vivendi !30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Journée mondiale de l'eau : Des discours pour les pays pauvres, des profits pour Vivendi !

Les Nations unies ont proclamé "journée mondiale de l'eau" le 22 mars de chaque année, afin d'attirer l'attention sur cette ressource de plus en plus rare mais indispensable. Cette année, elle a été célébrée au premier "Forum de l'eau"à Marrakech, au Maroc. Mais, organisé par les représentants des puissances impérialistes, ce forum, comme tous les autres, n'apporte aucune réponse concrète à un problème qui concerne cependant près de la moitié de l'humanité.

Quelques chiffres suffisent à montrer l'ampleur du drame actuel : trois millions d'enfants meurent chaque année avant l'âge de cinq ans à cause des maladies liées au manque d'eau potable. Un milliard d'êtres humains, soit 1/6e de la population mondiale, reste toujours privé d'eau potable à l'aube du XXIe siècle, tandis que 2,5 milliards ne disposent toujours pas de système d'évacuation d'eaux usées.

Aux portes de grandes villes du Tiers Monde, des bidonvilles où s'entassent des dizaines de milliers d'anciens paysans pauvres se sont développés de façon vertigineuse ces dernières décennies. Insalubres, ces "quartiers" ne possèdent aucun réseau d'adduction d'eau potable, tandis que les égouts à ciel ouvert se transforment en véritables vecteurs de maladies infectieuses mortelles.

Les représentants de l'impérialisme, réunis à Marrakech, se plaignent de l'augmentation de la population qui risque d'accroître le besoin en eau du secteur agricole, s'inquiètent du réchauffement de la planète dont les conséquences risquent d'aggraver les sécheresses ; mais ils n'ont rien d'autre à proposer que des actions ponctuelles ici et là et de beaux discours. Comme si le problème se résumait à une population trop nombreuse ou aux aléas climatiques incontrôlables !

Les inégalités de la répartition en eau sont réelles et très variables d'une région, d'un pays à l'autre, les aléas climatiques également. Mais en quoi cela rendrait-il impossible à notre société, au XXIe siècle, de distribuer de l'eau potable à l'ensemble de la population, de viabiliser les quartiers et d'irriguer les terres arables ?

De l'eau ? Il y en a, en Afrique, comme dans bien d'autres régions du monde. Fleuves et nappes phréatiques renouvelables existent, y compris dans des régions semi-désertiques. Toute cette eau pourrait être exploitée mais bien souvent les populations locales ne peuvent s'équiper en pompes à eau et en canaux d'irrigation, faute d'argent. Tandis que les quartiers populaires sont laissés à l'abandon.

Pourtant, capter l'eau, l'épurer, la distribuer, la conserver et la traiter est loin d'être techniquement insurmontable, y compris dans des régions où cela peut s'avérer difficile. Tout comme assainir, viabiliser, équiper les quartiers urbains ou les villages de réseaux d'adduction d'eau potable et d'évacuation d'eaux usées. Ce n'est pas un problème technique, mais un problème de choix politique.

Au Maroc par exemple, la monarchie chérifienne préfère financer une guerre coûteuse au Sahara occidental que d'équiper en eau et en électricité les villages de l'Atlas, d'assainir les bidonvilles aux portes des grandes agglomérations. Bien d'autres Etats de pays pauvres soumis aux puissances impérialistes font de même. Et ces puissances impérialistes, qui évoquent le droit à "l'ingérence humanitaire" (et militaire !) quand il s'agit de défendre leurs intérêts, l'oublient tout aussitôt quand il faut combattre la misère et la pauvreté. Pourtant, elles auraient les moyens humains, techniques et financiers pour intervenir sur une grande échelle. Mais c'est le cadet de leurs soucis !

L'accès à l'eau potable est un droit que la société devrait être capable de satisfaire sans délai. Mais voilà, l'eau qui existe pourtant à l'état naturel est, dans le cadre de la société capitaliste, une marchandise comme une autre, une source de revenus pour les multinationales d'autant plus importante qu'elle se fait rare. C'est pourquoi une multinationale comme Vivendi est sur les rangs et rafle de nombreux marchés de l'eau de par le monde. Sous le prétexte de construire ou moderniser un réseau ici, d'améliorer le traitement des eaux là, avec la bénédiction de l'impérialisme, du FMI et la complicité des gouvernements locaux, Vivendi participe au démantèlement des services publics des eaux dans bien des villes et des pays de la planète, pour mieux en prendre le contrôle de façon privée et se forger ainsi un monopole. Avec un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros, employant plus de 70 000 salariés, Vivendi Waters (mariage entre la Générale des Eaux et US Filter) s'impose sur le marché africain du Maghreb au Gabon, du Kenya au Tchad où elle procède, aujourd'hui, à la privatisation de la société d'Etat de distribution d'eau, et s'apprête à prendre le contrôle de celle-ci pour plusieurs décennies. Sans oublier l'Asie et l'Europe centrale, en Tchéquie, en Hongrie et en Roumanie, par exemple.

L'accès à l'eau potable est un droit élémentaire pour tout être humain. Mais pour que celui-ci devienne réalité, encore faudrait-il débarrasser l'eau de tous ces parasites qui la polluent.

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