Hutchinson (Montargis) - Loiret : Mouvement pour les salaires30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hutchinson (Montargis) - Loiret : Mouvement pour les salaires

La direction d'Hutchinson à Châlette près de Montargis avait d'abord annoncé en février une augmentation de 0,8 % en mars, 0,8 % en septembre (avec un minimum de 100 F) et un rattrapage de 0,2 % pour l'année 2000 (14 F par mois environ). Comparés aux 50 milliards de bénéfices du groupe TotalFinaElf auquel appartient Hutchinson, ça faisait léger. D'autant plus que pour la prime d'intéressement, à Châlette, on avait tiré le mauvais numéro : 2 900 F bruts, alors que dans les autres usines du groupe, elle allait de 6 100 à 6 900 F.

Le débrayage qui a précédé les négociations du 7 mars a été suivi dans les ateliers par près de 500 ouvriers. A l'issue des discussions, la direction n'a proposé que quelques miettes en plus : 1,2 % au 1er janvier (avec un minimum de 120 F) et 0,8 % en septembre, 47 centimes pour le panier de nuit et 31 centimes pour le panier de jour. Elle savait que ces quelques francs ne réussiraient pas à calmer le mécontentement. Pour cela, elle a mobilisé tout son encadrement, chefs, cadres et jusqu'aux "directeurs des ressources humaines", les DRH. On en voyait dans tous les ateliers, y compris le soir et même aux assemblées générales appelées par la CGT, FO et la CFDT.

A un débrayage de nuit, un DRH et un cadre étaient planqués derrière des containers à déchets. Un des DRH a pris la parole au débrayage du 6 mars, nous donnant du "camarades" et nous expliquant ce qu'il n'allait cesser, lui et ses compères, de répéter par la suite, tracts de la direction à l'appui : que l'usine avait perdu 13 millions de francs en 2000 et qu'une grève la mettrait en péril. Mais la direction avait peur d'une grève, et quand elle sut que les syndicats appelaient à des rassemblements dans l'usine pour le lundi 19 mars, elle lâcha une prime exceptionnelle de 1 000 F, en s'arrangeant pour que ça se sache dès le vendredi.

Malgré cela, le lundi, plus de 400 ouvriers vinrent aux assemblées générales, bien confortés dans l'idée que si elle avait lâché 1 000 F, c'est qu'il y avait de l'argent et qu'elle pouvait en donner plus : 500 F d'augmentation et une prime mensuelle de 1 000 F nets, revendications votées à main levée à toutes les assemblées générales à l'unanimité, avec le soutien de deux syndicats, la CFDT ne se prononçant pas.

La direction dut renégocier à l'issue d'un nouveau débrayage le mercredi 21 mars où nous étions moins de 250 sur les trois équipes. Entre temps, la CFDT s'était mise en retrait. Enfin, à l'issue d'une quatrième réunion de négociations, la direction a lâché 2,2 % d'augmentation avec un minimum de 220 F et confirmé la prime exceptionnelle de 1 000 F sur la paie de mars. C'est un "effort financier important" écrit-elle, mais qui "tient compte des efforts de l'ensemble du personnel dans ce contexte difficile". Comme beaucoup le disaient, il faut qu'on débraye et qu'on lui fiche la trouille pour qu'on apprenne qu'on fait des efforts !

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