Avertissement électoral ou pas, Hue s'obstine dans le soutien à Jospin30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Avertissement électoral ou pas, Hue s'obstine dans le soutien à Jospin

Dans un long interview à L'Humanité du 23 mars, Robert Hue revient sur les raisons du recul du PCF aux dernières élections municipales. Manifestement, même la perte de toute une partie de l'électorat de son parti et de dizaines de mairies gérées depuis des décennies par le PCF ne l'incite pas à changer de cap. S'il reconnaît que ce recul est dû pour l'essentiel à la désaffection des quartiers populaires, il se garde bien d'en conclure que c'est la participation de son parti et son soutien au gouvernement qui ont été sanctionnés par ce vote. Et pas plus qu'avant, il n'est question de remettre en cause ce soutien. A vrai dire, c'est même la seule chose sur laquelle il soit clair.

Robert Hue parle d'un "double message", envoyé par ce vote au gouvernement d'une part et au PCF de l'autre. A Jospin et à ses ministres, les électeurs reprocheraient de "se plier aux contraintes du libéralisme", ce qui est une manière bien gentille de dire qu'il mène une politique antiouvrière dans la plupart des domaines, de la santé aux retraites ou aux salaires. Quant au PCF, l'électorat populaire lui aurait fait payer de ne pas réussir à infléchir cette politique, de ne pas faire assez pour "modifier le rapport de forces dans le pays pour le modifier dans la majorité et dans le gouvernement", ce que Hue appelle "l'alternative populaire". Mais comment les militants du PCF qui le souhaitent réellement pourraient-ils contribuer à "modifier ce rapport de forces" quand leurs ministres ont la bouche cousue face aux mesures antiouvrières du gouvernement, quand leurs députés finissent toujours par s'incliner, et quand leur secrétaire national, en quatre pages d'interview, réussit à ne pas appeler par leur nom toutes les attaques de Jospin contre les conditions d'existence et le niveau de vie des familles populaires ? Cela reste un mystère insondable. Là-dessus, Robert Hue n'a pas de message !

Les résultats de cette politique sont archi-connus, et les militants du PC dans les entreprises et les quartiers en ont subi les conséquences bien avant ses maires et ses conseillers municipaux. La fraction de la classe ouvrière qui continuait de se reconnaître dans l'action quotidienne de ces militants s'est encore un peu plus détournée d'eux. Et ce n'est certainement pas la "mutation" du PCF en "Nouveau Parti Communiste", seule perspective offerte par Robert Hue aux militants communistes, qui va y changer quelque chose.

Selon Robert Hue, les électeurs auraient aussi sanctionné le PCF pour ne pas être assez "ouvert", et ne pas avoir "porté jusqu'à son terme sa mutation". Mais ouvert à quoi, à qui ? Ouvert comme la liste "Bouge l'Europe" à des personnalités pour qui les notions de classe ouvrière, de lutte de classe, sans parler du communisme, sont ringardes ? Ouvert, comme le siège du PCF l'est désormais, aux défilés de mode et aux préoccupations de la bourgeoisie branchée ? Ce genre "d'ouverture", qui est celle pratiquée par la direction du PCF depuis des années, ne peut que faire que les militantes et les militants, sur le dévouement desquels repose encore aujourd'hui son influence, se sentent étrangers dans leur propre parti. Et elle contribuera aussi à faire que ce parti soit de plus en plus perçu par les travailleurs, par la population pauvre, comme étranger à leurs préoccupations.

La direction du PCF, envers et contre tous les avertissements électoraux, reste opposée à une orientation qui appellerait par son nom la politique antiouvrière de Jospin et chercherait réellement à s'y opposer. C'est pourtant bien la seule voie qui puisse ouvrir une issue à la situation actuelle dans l'intérêt de l'ensemble des travailleurs, et aussi conformément aux aspirations de tous les militants du PCF sincèrement attachés à la classe ouvrière.

Partager