Argentine : Le retour d'un champion de l'austérité pour la classe ouvrière30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Le retour d'un champion de l'austérité pour la classe ouvrière

Le ministre de l'Economie argentin qui le 16 mars a annoncé le nouveau plan d'austérité ne sera pas celui qui l'appliquera. Il vient de démissionner, après quatre mois au gouvernement. Le président de la Rua a nommé à sa place Domingo Cavallo, dont le nom est à lui seul tout un programme.

C'est Cavallo qui, au ministère de l'Economie (poste qu'il avait déjà occupé sur la fin de la dictature militaire), avait réalisé de 1991 à 1996 le "miracle économique" argentin, sous la présidence de Carlos Menem. Pour mettre fin à l'inflation galopante de l'époque, "l'hyperinflation", il avait notamment décrété la parité du peso argentin avec le dollar. L'inflation officielle était passée de 5 000 % en 1989 à 12 % en 1993.

Tous les possédants avaient salué en Cavallo leur sauveur, mais aussi en partie le reste de la population, soulagée d'en finir avec l'hyperinflation. Mais en fait ce "miracle" allait être payé par la classe ouvrière, dont les salaires et les emplois allaient s'effondrer. Lorsque, plus tard, il avait dénoncé les scandales et la corruption de l'entourage de Menem, Cavallo avait été limogé. Mais sa politique d'austérité avait continué sans lui.

Le chômage est aujourd'hui en Argentine d'au moins 20 %. Dans la province de Buenos Aires (la capitale), où vit le tiers des Argentins, 30 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté. Mais ni cette misère croissante ni les 40 milliards prêtés en décembre par les organismes internationaux n'ont mis fin à la crise et relancé la production.

Le nouveau plan d'austérité, qui propose surtout des réductions du budget de l'éducation et des budgets des aides sociales et des retraites, aggravera à coup sûr cette misère. De la Rua a beau promettre qu'il n'y aura ni licenciements, ni baisses de salaires, ni augmentation des impôts, on sait ce que valu ce genre de promesses.

Cavallo a vu sa "loi de compétitivité" approuvée par les députés, qui ont pourtant refusé de lui accorder les "pouvoirs spéciaux" qu'il demandait pour la mettre en application. Les organisations patronales argentines, la Société Rurale et l'Union Industrielle, l'ont applaudi. Mais ce plan d'austérité pourrait déclencher les luttes de toutes les classes laborieuses qu'il veut appauvrir davantage encore, voire instaurer le "chaos social" que redoutent certains commentateurs.

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