Argentine : Coupes claires dans les budgets publics30/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1707.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Coupes claires dans les budgets publics

Le ministre argentin de l'Economie a annoncé, vendredi 16 mars, des mesures d'austérité. Elles visent à économiser quelque 2 milliards de dollars dès cette année, 2,5 l'an prochain et 3,5 en 2003.

En conséquence, les dépenses publiques nationales vont être réduites de 889 millions, dont 361 millions pour le seul budget des universités (et 541 l'an prochain). L'aide de l'État aux provinces diminuera de près d'un milliard. Il y aura 105 millions d'exemptions fiscales en moins.

Le gouvernement entend ainsi tenir ses engagements vis-à-vis du Fonds Monétaire International. En effet, pour pouvoir bénéficier de crédits internationaux qui atteindraient au total 40 milliards de dollars, il doit cette année limiter son déficit budgétaire à 6,5 milliards. A la mi-mars, le déficit atteignait déjà 2,5 milliards. De là le coup de frein brutal sur les dépenses.

Comme lors des plans d'austérité précédents, les gouvernants argentins prétextent aussi le maintien de la parité entre le peso argentin et le dollar US, parité décrétée en 1991 et qui coûte cher aux contribuables tout en enrichissant les bourgeois exportateurs. Cette parité interdit toute dévaluation et devrait en théorie empêcher l'inflation. Mais la population laborieuse s'appauvrit, l'économie stagne.

Ces mesures sont dans la droite ligne de la politique annoncée par le président de la Rua en novembre dernier : réduction des budgets publics, démantèlement de la Sécurité sociale, privatisation du système de santé, baisse des retraites. Les premières mesures de réduction des minima sociaux, dans un pays où le taux de chômage est d'au moins 20%, avaient en novembre dernier déclenché des émeutes et les syndicats avaient montré leur désaccord par 36 heures de grève générale largement suivie (voir LO n° 1688 et 1691).

Le président de la Rua a appelé parlementaires, industriels et syndicalistes à conclure un "accord historique" qui viserait, selon lui, à relancer l'économie. Mais ni les politiciens ni les syndicalistes ne semblent pressés d'endosser l'impopularité des mesures actuelles.

Après une nouvelle grève générale le 21 mars, elle aussi très largement suivie, l'une des deux CGT, celle que dirige Hugo Moyano et qui regroupe les secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière argentine, en annonce une autre pour les 5 et 6 avril. Les ministres de l'Intérieur et du Développement social ont démissionné, ainsi que la secrétaire d'Etat à l'Intérieur et le secrétaire général de la Présidence.

Refuser d'affronter l'impopularité, c'est naturel pour les politiciens. Dire non en paroles aux mesures d'austérité antiouvrière, c'est la moindre des choses pour des dirigeants syndicaux. Mais pour lutter victorieusement contre la bourgeoisie nationale et contre les visées de l'impérialisme, il faudra que la classe ouvrière argentine trouve en son sein de véritables défenseurs.

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