Municipales : Hue va droit dans le mur, pas le communisme23/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1706.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Municipales : Hue va droit dans le mur, pas le communisme

L'orientation politique choisie par la direction du PCF a subi, une fois de plus, un échec que chacun reconnaît. Certains pour s'en réjouir, en enfonçant le clou, comme les Verts qui ne cessent de répéter qu'il serait temps qu'ils obtiennent une plus grande part du gâteau- pourtant pas très "bio" ni ragoûtant - municipal, mais aussi gouvernemental. Ou encore comme Laurent Fabius qui a déclaré qu'il n'était pas question de soutenir le PCF, surtout lorsque celui-ci perdait des plumes. Ce Fabius est un connaisseur. Il était Premier ministre lorsque le PCF mit fin à sa première participation gouvernementale, entre 1981 et 1984. Et son propos d'aujourd'hui s'inscrit dans la démarche de Mitterrand qui, dès 1972, s'engageait à réduire l'audience électorale du PCF. Une des rares promesses qu'il ait vraiment tenue. On a les alliés que l'on se choisit. Et ceux du PCF ne sont guère charitables à son égard.

Hue et les dirigeants du PCF admettent eux-mêmes leur échec, qui ne se traduit pas seulement dans la perte de mairies, même si c'en est l'expression la plus visible et celle qui a le plus de conséquences politiques, morales et matérielles, pour le Parti. Il s'exprime aussi, et sans doute surtout, par la désaffection croissante de son électorat, qui se traduit, là où celle-ci est présente, par les scores recueillis par l'extrême gauche et par le nombre grandissant des abstentionnistes, bien plus net qu'ailleurs dans les quartiers populaires.

Les dirigeants du PCF essaient de relativiser leur recul, en expliquant qu'ils ne sont pas les seuls, à gauche, à le subir. Ce qui est en partie vrai. Et ils ajoutent que c'est la conséquence du fait que le gouvernement ne prend pas suffisamment en compte les aspirations populaires, ce qui est tout aussi vrai. Mais ces explications n'en sont pas . Car, - et il n'y a pas de quoi s'en montrer surpris - le gouvernement socialiste mène la politique qu'il a toujours menée lorsqu'il était au gouvernement. Périodiquement, Hue tance Jospin et les socialistes. Il multiplie les avertissements, plus solennels les uns que les autres , expliquant que si l'on ne change pas d'orientation, la gauche "va droit dans le mur". Et le gouvernement socialiste continue imperturbablement dans la même voie, sans même avoir la politesse de répondre à Hue, sauf parfois en lui demandant de ne pas trop faire de surenchère verbale. Pourquoi le ferait-il d'ailleurs, alors que chaque admonestation des dirigeants du PCF est automatiquement suivie par des déclarations d'allégeance à l'égard de ce gouvernement. Les dirigeants du PCF ne peuvent faire une critique de la politique menée sans s'empresser de dire dans la phrase qui suit qu'il n'est pas question pour eux de quitter ce gouvernement, expliquant qu'ils y font quand même du bon travail. Sans convaincre ni leurs militants, en tout cas la partie de ces militants qui partage les difficultés de la population laborieuse dans les entreprises et dans les quartiers populaires, ni leurs sympathisants et de moins en moins leurs électeurs.

Le thermomètre électoral révèle, au-delà même des conséquences immédiates qu'il implique, que le PCF est de moins en moins perçu comme le parti des ouvriers, des opprimés, des exploités. Il faut dire que Hue et ses associés ont tout fait - même si ces choix ne sont pas récents - pour montrer qu'ils voulaient rompre avec une telle image. L'organisation, par exemple, d'un défilé de mode au siège du PCF, à Colonel Fabien, ou le tout-Paris bourgeois à la mode trinquait, se "saoulait la gueule", excité sans doute à l'idée de "faire peuple", les réceptions que Jean-Claude Gayssot a complaisamment organisées sous les lambris de son ministère, où l'on pouvait voir un ministre des Transports "communiste" et Robert Hue se taper familièrement sur le ventre avec Lagardère, le PDG de Matra et de Hachette, s'ils sont des exemples anecdotiques, sont significatifs. Ils ne contribuent pas à redonner, à ceux qui subissent la férule sans pitié du patronat et les effets d'une politique antiouvrière décidée par les Jospin-Fabius-Guigou, l'image d'un PCF qui serait toujours à leur côté et qui mériterait encore leur confiance.

Parmi ceux qui se réjouissent des déconfitures répétés du PCF , il y a ceux qui y voient le recul, voire la fin du communisme. Nous ne sommes pas de ceux là. D'ailleurs ces fossoyeurs empressés pourraient déchanter plus vite qu'ils ne le croient. Si personne ne peut dire si le départ du PCF du gouvernement suffirait à mettre fin à un déclin dont ses dirigeants sont responsables, par contre les idées communistes restent toujours vivantes, au travers de ceux qui, contre vents et marées, les ont maintenues. Et parmi eux, il y a ceux qui, au sein de la population laborieuse, restent dans le camp des travailleurs et organisent la résistance ouvrière, et qui ont conscience que cette défense des intérêts matériels et politiques de la classe ouvrière et de ceux qui en sont solidaires, ne peut se faire que dans une perspective communiste.

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