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- Lutte ouvrière n°1706
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Leur société
Des milliers de familles menacées d'être jetées à la rue : Non aux expulsions !
A partir du 15 mars, et du 31 mars à Paris, le printemps signifie la fin de la trêve qui interdit de procéder à des expulsions durant l'hiver et les expulsions, le plus souvent pour cause de loyers impayés, reprennent. Des milliers de familles risquent d'être expulsées de leur logement sans avoir de toit de rechange.
Pourtant, une loi votée en juillet 1998 dite de "lutte contre les exclusions" est censée limiter ce drame causé principalement par le chômage et le montant trop élevé des loyers et des charges.
Le nombre des expulsions a certes baissé un peu mais reste énorme (97 500 procédures d'expulsion en 1999 contre 113 500 en 1997). Des aides au logement ont été attribuées un peu plus largement. Des services sociaux ont été mis à contribution dans le cadre de cette loi, pour examiner la situation des familles menacées d'expulsion, qui permettent parfois d'obtenir des délais pour étaler leur dette et les aider à trouver un toit de substitution entre le début de la procédure d'expulsion et sa mise à exécution.
Mais, comme souvent, le gouvernement n'a pas prévu les effectifs supplémentaires en préfecture pour accueillir ces familles dans la détresse et, à Paris, par exemple, selon la Confédération générale du logement, "deux personnes et demie" seulement sont chargées de traiter tous les mois les 600 dossiers de locataires assignés devant les tribunaux !
Mais le plus grand scandale vient d'abord de l'existence insolente de nombreux logements vides alors que des familles sont jetées à la rue ou renvoyées, pour la région parisienne, en lointaine banlieue. Ainsi, Paris, qui est la ville où on expulse le plus (les Parisiens représentent 31,7 % des procédures d'expulsion et 64,1 % de celles menées manu militari) est aussi celle qui regorge le plus de logements vacants ! Leur nombre augmente même, passant de 113 000 en 1999 à 134 000 depuis !
Souvent ce sont des logements chers que les propriétaires préfèrent garder vides plutôt que de les céder à des familles aux revenus modestes, insolvables selon leurs critères. Devant ce scandale des familles expulsées, auquel il faut ajouter celui des mal-logés dans des appartements insalubres ou trop exigus, on avait parlé d'appliquer la réquisition d'office des logements laissés vacants par leurs propriétaires (moyennant indemnisation des propriétaires). Mais cette loi est restée lettre morte.
Ce serait pourtant une mesure de bon sens et de justice sociale que de loger ceux qui sont privés d'un toit dans des logements inoccupés. Un toit, voilà ce que les familles menacées d'expulsion ce printemps sont en droit de réclamer et d'obtenir de ce gouvernement dit de gauche qui prétend à chaque élection défendre les intérêts des plus démunis.