Voter et faire voter Lutte Ouvrière09/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1704.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Voter et faire voter Lutte Ouvrière

Les dirigeants de la gauche gouvernementale affichent un bel optimisme. Les élections municipales pourraient faire basculer à gauche quelques grandes villes, dont Paris, Lyon voire Toulouse. C'est dans cette dernière qu'un meeting a réuni des sommités de ladite gauche, Jospin, Hollande, Hue.

Mais le fait que la gauche gouvernementale garde ou gagne spectaculairement quelques mairies, serait loin de signifier que sa politique est favorable aux couches populaires. Et il faudra voir l'évolution dans les banlieues populaires.

Le premier ingrédient d'un possible succès électoral de la gauche, c'est la division de la droite. Paris en offre le spectacle comique. C'est la guerre entre les tibéristes et les séguinistes - et leurs sous-clans taittingéristes ou panafieux ! Et les chefs attendent les résultats du premier tour pour savoir si les adversaires d'aujourd'hui peuvent redevenir d'honorables concurrents... et alliés demain ! On connaît ces bisbilles. Ce sont elles déjà, et pas une radicalisation de l'électorat, qui ont valu à la gauche de l'emporter en 1997. Avec des scores bien loin d'une majorité !

Le second ingrédient d'un possible succès électoral de la gauche dans certaines grandes villes, c'est leur évolution sociologique, en particulier l'embourgeoisement de Paris, dont la population ouvrière est de plus en plus chassée ! La rive gauche caviar n'a plus de quoi effrayer les beaux quartiers de la rive droite. Si les socialistes emportent la mairie de Paris, le 18 mars 2001, nous ne serons pas ramenés au 18 mars 1871 !

C'est pour les possédants que le bilan de Jospin est positif.

La décrue du chômage, passé de 3 à 2 millions selon les statistiques officielles, s'est faite au bénéfice des grands patrons. Le gouvernement n'a nullement empiété sur leur droit de licencier en masse, il a continué à les engraisser au détriment des budgets sociaux. Le volant actuel de 2 millions de chômeurs leur permet de continuer de faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Le gouvernement les a aussi aidés avec la loi Aubry qui a conforté le blocage des salaires, élargi les possibilités de flexibilisation du travail et accordé quelque 100 milliards de primes supplémentaires prises sur le budget de la Sécu. Et pour ce qui est des centaines de milliers d'emplois créés, ils sont précaires et mal payés et ont bien souvent remplacé, en particulier dans les grandes usines de la métallurgie, les travailleurs âgés et beaucoup mieux payés, mis à la pré-retraite sur les deniers de l'Etat !

Le "bilan" du gouvernement socialiste s'étale tous les jours à la une des journaux. Les entreprises affichent des profits dits historiques pour 2000. Leurs cadres supérieurs et PDG (une poignée de quelques dizaines de milliers de personnes) ont accumulé des magots de 1 à 100 millions de francs d'actions en moyenne, tandis que les salariés actionnaires qu'on nous vante tant, n'ont qu'une tirelire d'au mieux 100 000 F ! Et dans le même temps, des études sur la pauvreté montrent qu'elle gangrène un pays pourtant riche comme la France, où près de 15 % de la population, dont des travailleurs ayant un emploi, sont au seuil de pauvreté défini par l'Union européenne, condamnés à vivre avec 4 200 F par mois ou moins.

Il faut ajouter au bilan la dégradation lente mais sûre des services publics ou sociaux, éducation, santé, transports, logement. Il faut ajouter la politique indigne contre les sans papiers ou le refus d'accorder le droit de vote aux étrangers, c'est-à-dire à une partie de la classe ouvrière.

Encore une fois, si la gauche gagne quelques mairies de grandes villes, elle ne le devra pas à un bilan favorable aux couches populaires. Et n'oublions pas que les chefs de cette gauche attendent surtout des municipales qu'elles représentent des marchepieds pour se faire élire ou réélire aux présidentielles et législatives et continuer ainsi à servir le patronat à la tête de l'Etat.

Et le PC là-dedans ? Il continue à muter ou à briller par son mutisme. A peine l'ombre d'une politique d'opposition. L'important pour son appareil est de préserver quelques mairies, qui ne peuvent l'être que par l'alliance électorale avec le PS, et en contrepartie l'alignement sur sa politique gouvernementale. Les dirigeants du PC se sont trop discrédités en s'acoquinant avec les socialistes pour oser voler de leurs propres ailes. Ce sont les Mitterrand et les Jospin qui les ont plumés, ou par lesquels ils se sont laissé plumer, à partir du moment, certes lointain, où ils ont commencé à abandonner toute politique révolutionnaire de classe.

Reste l'extrême gauche qui peut et doit reprendre le flambeau et représenter les intérêts et les espoirs du monde ouvrier. A condition de ne faire aucune compromission avec la gauche gouvernementale. C'est la perspective de Lutte Ouvrière qui présente des listes dans près de 130 grandes villes. Ces listes s'opposent évidemment à celles de la droite, mais également à celles constituées sous la houlette des socialistes gouvernementaux, et n'appelleront pas à leur donner l'ombre d'une voix ni aucune collaboration au second tour.

Un bon score pour ces listes serait la sanction méritée à la politique de gouvernants complices des patrons et un encouragement pour tous ceux qui militent pour l'organisation et les victoires de la classe ouvrière.

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