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- Lutte ouvrière n°1704
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Dans les entreprises
Manuli - Chartres (28) : Comment riment subventions et exploitation
Manuli est une entreprise de sous-traitance automobile, fabriquant des tuyaux, entre autres pour les directions assistées et la climatisation. Elle emploie presque un millier de personnes, dont beaucoup en intérim.
Elle a pris de l'ampleur en déménageant, il y a cinq ans, dans une nouvelle zone industrielle de Chartres, spécialement aménagée par la municipalité pour attirer ou retenir les entreprises. Manuli a donc quitté ses vieux locaux dans une zone industrielle plus ancienne et acquis pour un franc symbolique un terrain trois fois plus vaste ; cette entreprise, leader européen dans le secteur de la climatisation et de la direction assistée, a bénéficié également de subventions de la ville, du Conseil régional et du Conseil général.
Avec l'accroissement des ventes dans l'automobile, l'usine s'est mise à tourner à plein rendement. En 2000, la direction a décidé de créer quatre équipes de six heures, tournant soit de jour (6 h-12 h puis 12 h-18 h), soit de nuit (18 h-24 h puis 0 h-6 h), un rythme épuisant pour les travailleurs de nuit, le plus souvent des intérimaires dont un bon nombre de femmes.
Début 2001, suite à la signature de l'accord sur les 35 heures, les 3¥8 ont remplacé les 4¥6, avec une équipe de nuit fixe et une autre travaillant samedi-dimanche et toutes les trois semaines, vendredi-samedi-dimanche. L'accord de RTT prévoyait explicitement un recours systématique aux heures supplémentaires et au VSD pendant six mois pour rattraper le retard dû à des commandes abondantes. La direction ne s'est pas fait faute de le rappeler par une note de service, dès la mi-janvier, sur le ton de "la survie de l'usine est menacée", exigeant des "volontaires" pour les heures supplémentaires. Depuis, les pressions se multiplient pour que les travailleurs de jour rallongent leur semaine "courte" en venant de nuit ou dans le week-end !
Tout le monde se plaint du rythme de travail, de l'augmentation du nombre de machines à surveiller dans certains secteurs, par rapport à l'ancienne usine, des pressions permanentes et du manque d'organisation dans le travail. Pas question de prendre les congés auxquels on a droit : ce sera pour plus tard... Quant au salaire, il est au plancher : autour de 6 000 F sans les primes au bout de neuf ans !
Tout cela fait de Manuli un exemple type de l'entreprise très florissante, récupérant des subventions publiques, faisant du chantage à l'emploi auquel la municipalité de gauche chartraine a cédé sans qu'on la pousse, et surexploitant les travailleurs, en se référant bien sûr à l'accord sur les 35 heures.