L'industrie pharmaceutique contre les pays pauvres : La loi du profit contre le droit à la santé09/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1704.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'industrie pharmaceutique contre les pays pauvres : La loi du profit contre le droit à la santé

Les trusts pharmaceutiques font feu de tout bois pour défendre leur monopole, face aux pays sous- développés. Ainsi, l'Association des industries pharmaceutiques a décidé d'attaquer l'Etat sud-africain. Elle conteste une nouvelle loi de Prétoria sur les médicaments permettant les importations de produits génériques, pour le traitement du sida notamment.

Pour l'Afrique du Sud, qui doit faire face à l'explosion de cette maladie qui touche désormais 10 % de la population, soit 4,5 millions de personnes, il s'agit d'une question vitale et de santé publique car l'écrasante majorité de la population a d'autant moins les moyens de se payer les traitements nécessaires que les tarifs pratiqués par les laboratoires occidentaux sont prohibitifs. A titre d'exemple, un an de traitement coûte entre 20 000 et 30 000 dollars - de six à dix mois de salaire - si l'on s'en tient aux prix pratiqués par les trusts alors qu'avec des médicaments génériques, fabriqués par l'Inde notamment, le coût du traitement retombe entre 350 et 600 dollars.

De même, pour traiter les méningites à cryptocoques, maladies que développent souvent les personnes atteintes du sida et en phase terminale, le laboratoire Pfizer propose un médicament dont chaque comprimé est facturé 30 rands (un peu plus de 30 francs) à l'Etat sud-africain et 80 rands dans le secteur privé, alors qu'une usine sud-africaine peut fabriquer l'équivalent en générique pour 86 centimes.

Le procès intenté par les trusts pharmaceutiques à l'Afrique du Sud, au nom de la protection de leurs licences, n'est pas un acte isolé. Début février, les mêmes avaient obtenu que l'Etat américain engage des poursuites -et des mesures de rétorsion économique - contre le Brésil pour avoir autorisé la production nationale de médicaments génériques et bon marché ; initiative qui a permis à l'Etat brésilien de faire de substantielles économies sur son budget santé tout en améliorant très sensiblement la protection de la population.

La rapacité des trusts pharmaceutiques est d'autant plus révoltante que ceux-ci, dans le même temps, annoncent des bénéfices records et en très nette progression. Mais surtout, les populations des pays les plus démunis, elles, payent un très lourd tribut aux multinationales et aux lois du profit puisqu'on estime que 30 000 personnes y meurent chaque jour, faute de pouvoir avoir accès aux traitements pourtant existants contre les maladies infectieuses.

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