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Dans les entreprises
Les LU à Paris : Le retour
Le 18 janvier dernier, les usines LU touchées par le plan de restructuration prévu par Riboud s'étaient retrouvées devant le siège social de Danone à Paris. Sans démentir ce que la presse avait révélé (3 000 licenciements dont 1700 en France), le directeur de la communication avait laissé entendre qu'il y aura des suppressions de postes mais depuis, malgré les différentes manifestations, les débrayages et une pétition contre ce plan, la direction de Danone maintient ses projets.
Face à cette situation, à l'appel des syndicats, un nouveau rassemblement était prévu le jeudi 1er mars devant le siège social, rue de Téhéran, et ensuite au ministère de l'Emploi et de la Solidarité ainsi qu'à celui de l'Agriculture.
Nous sommes partis à trois cars de Château-Thierry pour rejoindre nos camarades de Jussy, de Vervins, de Charleville-Mézières, de Calais, de Cestas et d'Evry. En tout, nous étions un petit millier, nous avons bloqué le boulevard Haussmann mais nous n'avons pas pu nous approcher du siège de Danone. Tout le quartier était bloqué par les forces de police et c'est donc avec les slogans suivants que nous avons peaufiné l'image de Riboud : "Danone, Riboud, destructeurs d'emplois" ou bien "Danone, Riboud, voleurs". Mais comme le jeune PDG à la tête du groupe est particulièrement attentif à ce que les médias, et particulièrement la télévision, montrent de Danone et de sa propre personne, nous lui avions mitonné "Il est vraiment anti-social dans le journal de Claire Chazal". Malgré la pluie, il y avait vraiment de l'ambiance pour une fois dans un quartier bourgeois de Paris. D'autant plus que, ne pouvant accéder au siège, nous avons, au gré de notre fantaisie, fait le tour des rues avoisinantes. Les forces de police nous suivaient à la trace et paraissaient décontenancées par ce parcours de manifestation improvisé sur le tas !
Seule une délégation a été admise à rencontrer des cadres du groupe, le PDG, quant à lui, ne recevant pas. La direction continue à répéter que les révélations de la presse ne sont pas exactes mais qu'il y aura une restructuration avec des suppressions d'emplois. Tout cela ne pouvait qu'attiser notre rage et dans le quartier nous l'avons criée haut et fort : "C'est pas normal, c'est dégueulasse". Oui, c'est dégueulasse qu'une poignée d'actionnaires puisse jeter des milliers de travailleurs à la rue comme on se débarasse d'un emballage de paquet de gâteaux.
Mais la journée n'était pas finie, nous nous sommes dirigés vers les cars pour aller dans le quartier des ministères, rue de Varenne. Là encore, grande surprise pour les forces de police qui ne s'attendaient pas à ce qu'une partie d'entre nous décide d'y aller à pied ! Un grand parcours au cours duquel nous nous sommes adressés à la population qui, à de nombreuses reprises, nous a montré sa sympathie et sa solidarité.
Les délégations reçues au ministère de l'Emploi et à celui de l'Agriculture ont demandé aux représentants du gouvernement de prendre leurs responsabilités en décidant d'interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits. Danone a fait plus de 5 milliards de profits pour l'année 2000 et en prévoit d'encore plus juteux pour 2001. Il a été aussi demandé le rétablissement de l'autorisation administrative de licencier, autorisation qui avait été supprimée par Juppé et que Jospin s'était engagé à rétablir en 1997. Une promesse parmi tant d'autres qu'il n'a pas tenue.
Nous avons eu pour seule réponse l'assurance que le gouvernement sera vigilant. Mais vigilant sur quoi ? S'il est scandaleux qu'une entreprise comme Danone puisse licencier pour faire encore plus de profits, il est autant scandaleux que les représentants du gouvernement refusent de prendre position. Pourtant, le gouvernement a les moyens pour obliger Riboud à remballer ses projets de restructuration. Dans un premier temps, en supprimant toutes les aides publiques comme par exemple les 120 millions que Danone aurait perçus pour le passage aux 35 heures ou bien, par le biais du Conseil régional de l'Ile-de-France, de ne pas verser à Danone les dix millions de francs qui lui ont été votés pour la construction de son nouveau centre technique sur le plateau de Saclay. Et s'il s'obstine, le gouvernement pourrait obliger Riboud à prendre sur une partie des profits pour financer 3 000 emplois.
Dans ce bras de fer avec Danone, nous ne devrons compter que sur notre propre mobilisation et détermination. Au cours de la manifestation, les travailleurs de l'usine de Calais ont annoncé une manifestation locale le 6 mars, à laquelle ils invitaient ceux qui le souhaitaient à participer. Et puis, samedi 10 mars, nous manifesterons une nouvelle fois contre Danone à Château-Thierry. Nos camarades de Jussy, de Charleville-Mézières, de Vervins et d'Evry y seront également et nous espérons la participation de la population que nous avons appelée par tracts et affiches.