La Redoute, entreprise de vente par correspondance, ne cesse de faire des promotions, des cadeaux, pour appâter de nouveaux clients. Mais nous les salariés, nous avons désormais intérêt à nous méfier quand nous commandons car nous pouvons être considérés par la direction comme des voleurs... même si nous avons payé les articles !

En effet environ 150 salariés ont commandé depuis le mois d'août des articles proposés à des prix promotionnels. Par exemple, il y avait des épilateurs ou des grille-pain pour environ 30 F. Le circuit de commande était tout à fait habituel. Aucun topage informatique n'a bloqué ces opérations, ce qui arrive quand la direction décide que les promotions ne sont pas autorisées pour les salariés.

Or, il y a un mois la direction a fait faire une enquête pour déterminer le nombre de salariés qui auraient commandé ces articles à prix cadeaux, soi-disant réservés aux clients espagnols. Déjà c'est absurde, puisque pour l'Espagne les publicités sont écrites en Espagnol et les prix calculés en pesetas. Or, c'est bien à partir de publicités et de prix français que les salariés ont commandé ! Mais la direction qui a apparemment envie de "dégraisser" à bon compte a réuni ses chefs de service, leur a fourni la liste de leur personnel qui avait passé ces commandes et leur a donné carte blanche pour sanctionner.

Ainsi pour les même faits, huit personnes ont été placées en mise en pied conservatoire avec reconduite à la porte comme des grands voleurs, d'autres ont eu de simples avertissements et d'autres encore n'ont rien eu.

La nouvelle a vite fait le tour de l'entreprise et un débrayage spontané d'une soixantaine de personnes a eu lieu dans un secteur où quatre salariés étaient impliqués. Les grévistes sont partis en cortège et ont rejoint l'autre secteur le plus touché (trois mises à pied), le bâtiment des transports, où se trouve la SOGEP, société de transport, filiale comme la Redoute du groupe Redcats. Nous sommes montés à une centaine voir le "directeur des ressources humaines" qui n'a rien voulu entendre.

L'ensemble des grévistes ... Ainsi que la plupart des syndicats ont alors décidé d'organiser un débrayage le lundi 5 mars.

Entre-temps, la direction, pour faire pression sur les salariés, a fait paraître une note mensongère qui laisse entendre que les huit salariés mis à pied faisaient partie d'un réseau organisé pour revendre ces articles. Or les sanctionnés ont acheté entre quatre et six objets et au maximum douze !

De plus le grille-pain incriminé, payé dans les 30 F par nos camarades, comme il était en surstock, a été vendu 20 F aux aubaines (les magasins où sont revendus à bas prix les articles Redoute qui restent en stock) et une partie a même été envoyée à la benne.

Lundi 5 mars, malgré toutes les pressions de la direction, c'est à plus de 200 que nous avons débrayé pour demander la réintégration de nos camarades. Ce n'est pas fini : les entretiens devaient avoir lieu les 7 et 8 mars et nous restions mobilisés en attendant le résultat !