Accidents du travail en hausse : Grâce aux patrons et aux ministres09/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1704.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Accidents du travail en hausse : Grâce aux patrons et aux ministres

La Caisse nationale d'assurance maladie vient de communiquer les chiffres des accidents du travail recensés en 1999 : 701 175, soit une hausse de 3,24 %. La CNAM lie cette augmentation à la croissance de l'emploi. Comme si on pouvait se satisfaire d'une explication statistique, car c'est admettre qu'il y aurait un nombre incompressible d'accidents, proportionnel au nombre de travailleurs.

Il s'agit des accidents du travail déclarés comme tels à la Sécurité sociale. Or, on sait que les patrons et la maîtrise dans les usines font pression pour réduire le plus possible leur nombre afin d'éviter d'être pénalisés sur les cotisations exigées par la Sécurité sociale. Ils refusent, par exemple, de délivrer les imprimés de déclaration, proposent toutes sortes d'arrangements qui font baisser les chiffres... mais pas les accidents.

Cette hausse du nombre des accidents du travail correspond à des conditions de travail qui empirent et à une augmentation de l'exploitation dans les entreprises. La ministre du Travail, Elisabeth Guigou, le reconnaît elle-même, lorsqu'elle déclare devant le Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels : "Nous devons éviter que se multiplient le "travail en miettes", la précarisation, les horaires difficilement compatibles avec la vie hors travail ou l'intensification du travail." Précarité, flexibilité, cadences, voilà effectivement les causes, et les patrons en sont les responsables.

Mais que fait le gouvernement, pour que cela change ? Les médecins du travail se plaignent d'être trop peu nombreux : 6 300, pour 14 millions de salariés du privé ! Un accord signé le 13 décembre par le patronat, la CFDT, la CFTC et la CGC montre ce qu'il en est. En effet, cet accord prévoit des visites médicales tous les deux ans, et non plus tous les ans, pour les salariés non soumis à des risques spécifiques !

Un autre exemple montre dans quel sens agit le gouvernement. Un décret du 1er février demande aux médecins du travail d'établir des fiches de "non-contre-indication médicale" à l'exposition à certains produits cancérigènes ou toxiques. Une non-contre-indication, cela ressemble fort à une autorisation, et le syndicat des médecins du travail a bien raison d'appeler au boycott de cette mesure.

Les patrons exploitent davantage des travailleurs précarisés, les ministres leur facilitent la tâche, et ces gens-là s'étonnent que les accidents du travail soient encore plus nombreux ?

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