8 mars, journée des femmes : 2001, année de la parité ? Année de l'extension du travail de nuit pour les femmes ! L'égalité sociale reste à conquérir.09/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1704.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

8 mars, journée des femmes : 2001, année de la parité ? Année de l'extension du travail de nuit pour les femmes ! L'égalité sociale reste à conquérir.

A l'occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars, certains commentateurs n'ont pas hésité à déclarer que l'année qui venait de s'écouler avait été, pour les femmes, une bonne année. Pourquoi ? En particulier parce que, pour la première fois, la parité a été mise en oeuvre lors des élections municipales.

Qu'il faille une loi pour contraindre la plupart des formations politiques à faire aux femmes, sur leurs listes, une place à peu près égale (car il faudrait encore voir combien conduisent les listes en question ou occupent des postes éligibles) à celle des hommes donne déjà toute la mesure de la façon dont les partis politiques en particulier et la société dans son ensemble considèrent les femmes. L'organisation sociale capitaliste a institué l'inégalité entre hommes et femmes, à l'avantage des hommes, en règle de fonctionnement. Et ce n'est certes pas cette loi sur la parité qui changera vraiment les choses. Sa seule application n'a même pas été sans poser quelques problèmes à certains. L'épisode entre Séguin et Roxane Decorte, évincée pour des raisons politiciennes de sa place en tête de la liste séguiniste dans le 18e arrondissement de Paris, en a été une belle illustration, sans parler de la vulgarité avec laquelle Séguin a commenté l'épisode à la télévision.

Mais surtout, cette année aura été celle du vote par le Parlement français de l'autorisation du travail de nuit pour les femmes. Et il faut une bonne dose d'hypocrisie et d'ignorance complète de ce que peut signifier le travail de nuit pour voir là un progrès et une avancée dans la reconnaissance de l'égalité entre hommes et femmes. En fait, il s'agit d'un retour en arrière, d'autant plus inacceptable qu'à notre époque, pas plus les hommes que les femmes ne devraient être contraints de travailler de nuit à des tâches qui ne sont pas indispensables à l'ensemble de la collectivité. De cette prétendue égalité-là, dans la dégradation des conditions de vie, les femmes se seraient bien passées.

Aujourd'hui encore, la condition de la femme est marquée par des inégalités particulières dans une société de classe, fondamentalement inégalitaire. Pour les femmes de la classe ouvrière, c'est toujours le règne de l'inégalité des salaires pour des travaux équivalents à ceux des hommes ; c'est la loi sur les 35 heures et une flexibilité qui pèse sur l'ensemble des travailleurs mais plus encore sur les femmes qui doivent faire face aux tâches ménagères et à la responsabilité des enfants ; c'est le chômage plus important chez les femmes que chez les hommes ; etc. Quant au droit à l'avortement et au délai porté de dix à douze semaines autorisant une IVG, ils représentent certes un point positif mais nettement insuffisant lorsqu'on considère la façon dont les hôpitaux manquent de structures et de personnels susceptibles d'accueillir les femmes qui souhaitent interrompre une grossesse.

Lorsque le 8 mars 1910, l'Internationale ouvrière proclama la Journée internationale des femmes, elle déclara une journée de protestation et de luttes pour les droits des femmes. Face à tous les exploiteurs et possédants, il s'agissait alors pour les partis ouvriers de revendiquer l'égalité des droits entre hommes et femmes, l'égalité sociale, et de montrer combien les femmes avaient leur place pleine et entière dans le combat pour l'émancipation de la classe ouvrière et de l'ensemble de la société.

Aujourd'hui, ce 8 mars fournit un prétexte aux journalistes, politiciens et autres bavards pour égréner leurs compliments hypocrites tandis que les partis qui se disent socialiste et communiste ont abandonné depuis longtemps le combat contre cette société de classe qui est la source de l'inégalité entre hommes et femmes.

Pourtant, c'est bien ce combat-là qui reste à mener et ces droits égaux qu'il faudra bien conquérir.

Partager