La maladie du sommeil va à nouveau pouvoir être soignée. Transmise par la mouche tsé-tsé, elle continue à frapper seize pays de l'Afrique noire, en particulier l'Angola, le Congo-Kinshasa, l'Ouganda et le Soudan. 300 000 personnes sont infectées et 60 millions sont menacées.

Or la molécule DFMO, qui soigne cette terrible maladie, n'était plus produite depuis 1995. Le laboratoire qui la produisait (aujourd'hui absorbé par le trust Aventis), ne l'estimant plus rentable, avait abandonné la fabrication. Il avait bien donné le brevet à l'Organisation Mondiale de la Santé, mais aucun fabriquant n'avait proposé des prix de revient suffisamment bas pour que l'on puisse l'utiliser à grande échelle en Afrique.

Faut-il croire maintenant qu'un des trusts milliardaires de la pharmacie a décidé, pour sauver des centaines de milliers de vies humaines, de reprendre cette production et de donner gratuitement le médicament ou de le vendre à prix coûtant ? Pas du tout. Ces industriels sont tout à fait d'accord avec un responsable de Médecins Sans Frontières qui affirmait à ce propos : "On ne peut demander aux laboratoires, dont le but est de faire de l'argent, de maintenir un produit qui n'en rapporte pas."

Non, ce qui arrive au secours des victimes de la maladie du sommeil, c'est que la molécule DFMO entre dans la composition d'une crème de beauté dépilatoire qui va être commercialisée aux Etats-Unis par Bristol-Myers Squibb et Gillette et qui, elle, est considérée par ce laboratoire comme rentable. La production de DFMO va donc être relancée et fournira les doses nécessaires pour combattre la maladie du sommeil.

Si la conservation des poils avait été à la mode à Hollywood, la mouche tsé-tsé aurait pu continuer à tuer.