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- Lutte ouvrière n°1703
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Leur société
Loi Aubry : Pour le patronat, des cadeaux encore plus importants que prevu
La droite vient de reprocher au gouvernement ses mauvais calculs sur le coût de la loi Aubry dite des 35 heures. Le gouvernement l'aurait sous-estimé.
Il faut rappeler que cette loi prévoit de copieux allégements de charges dans les années qui viennent, pour les entreprises ayant signé des accords de réduction du temps de travail. Le gouvernement prévoyait 65 milliards de francs d'allégements pour l'an 2000, et près de 100 milliards pour cette année. Cela représentait déjà un beau cadeau fait au patronat, au détriment du budget et de la Sécurité sociale. Mais cette copieuse somme, il faudra y ajouter de 10 à 20 milliards pour les années 2000 et 2001.
Le gouvernement avait créé un fonds spécial dont la fonction était de collecter et de compenser les sommes prévues et imprévues correspondant à ces allégements. Mais ce fonds connaît quelques déboires. D'autant que le Conseil constitutionnel l'a privé de plusieurs des recettes prévues en supprimant la taxation des heures supplémentaires, l'extension de la taxe sur les activités polluantes, et l'affectation à ce fonds d'une partie de la taxe sur les tabacs. Mais le gouvernement ne renonce pas pour autant : lorsqu'il s'agit de respecter les promesses faites aux patrons, il sait faire preuve d'acharnement.
Car si la gauche et la droite bataillent sur les chiffres et sur la façon de manipuler les rentrées budgétaires, l'une comme l'autre ne remettent pas en question le fond de l'affaire, c'est-à-dire ces cadeaux scandaleux au patronat. Elles sont totalement d'accord pour priver le budget de l'argent qui va manquer pour faire face aux besoins sociaux. Sur plusieurs années, des centaines de milliards leur manqueront ainsi. Pourtant, avec cet argent, combien de services publics aurait-il été possible d'améliorer ? Combien d'agents hospitaliers, de cheminots, de personnels de l'Education nationale, ces sommes permettraient-elles d'embaucher ?
Le patronat est comblé de tous les côtés par la loi Aubry. Il peut généraliser la flexibilité et l'annualisation du temps de travail, imposer les horaires qui l'arrangent et tenter de remettre en cause bien des acquis. Et par-dessus le marché, pour ce sale travail, il reçoit de l'argent des contribuables.
En annonçant ainsi un surcoût de l'opération, on peut s'inquiéter. Car si on voulait préparer l'opinion pour lui faire à nouveau les poches en imposant de nouvelles taxes ou en privant encore davantage de recettes la Sécurité sociale ou le budget de l'Etat, on ne s'y prendrait pas différemment.
Le patronat et le Medef tempêtaient il y a peu contre la loi Aubry, pour faire monter les enchères. Gagnant sur tous les tableaux, ils sont devenus silencieux depuis. Mais les travailleurs ne le sont pas. Ils ont su se faire entendre, à maintes reprises, pour dire qu'ils n'étaient pas d'accord avec cette loi qui non seulement aggrave leurs conditions de travail, mais aussi qu'ils payent avec leurs impôts.