La croissance continue du PIB : La richesse augmente... mais pas les salaires de ceux qui la produisent02/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1703.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La croissance continue du PIB : La richesse augmente... mais pas les salaires de ceux qui la produisent

Si le produit intérieur brut (le PIB, dans le langage des statisticiens et des économistes) donne une mesure de la richesse globale d'un pays, il faut croire que celle de la France ne cesse de croître. Son PIB a augmenté de 3,2 % en 2000, vient d'annoncer l'INSEE (l'Institut national de la statistique et des études économiques). Et celui-ci en profite pour réévaluer à la hausse le chiffre de 1999 : tous comptes faits, il y a finalement eu 3,2 % de mieux pour le PIB. Le tout ajouté aux 3,3 % de 1998, on arrive à plus de 10 % d'augmentation du PIB sur trois ans. C'est ce qu'il est convenu d'appeler la "croissance".

La publication de ces chiffres par l'INSEE n'a donc pas manqué de susciter des commentaires ravis dans la presse sur le "retour de la croissance" dû à la "bonne santé de l'économie". Certes. Mais n'y a-t-il pas un petit quelque chose qui manque au tableau ? Car enfin, l'économie ne se nourrit pas toute seule. Il faut bien qu'il y ait des femmes et des hommes qui, par leur travail justement, la fassent vivre et croître.

Mais les médias et les hommes politiques se gardent de s'appesantir sur cet aspect des choses. Sans doute parce que c'est précisément là que le bât blesse. Car lequel de celles et ceux qui ne vivent que de leur travail, peut se vanter d'avoir vu son bulletin de salaire augmenter de 10 % en trois ans ? Cela n'aurait pourtant pas été un luxe, ni signifié l'amélioration du niveau de vie de la population, juste son maintien.

Eh bien, même ce minimum-là n'est pas de mise dans une société où la "croissance", comme toute l'économie, sont soumises à une seule règle : celle de la recherche du maximum de profit par et pour le compte de la bourgeoisie qui possède les moyens de production et d'échange.

La richesse sociale et son accroissement, elle et elle seule en recueille les fruits, s'étant octroyé un droit de propriété sur elles. Mais celles et ceux qui produisent tout, eux, ne sont conviés qu'à applaudir aux prouesses du PIB, tandis qu'au mieux leur salaire affiche un chiffre inchangé depuis des années. Alors que la masse des richesses de la société croît, la part qui en est dévolue à ceux qui les ont produites, loin de progresser, diminue sans cesse.

Eh oui, la "bonne nouvelle" de la progression continue du PIB peut en cacher une bien plus mauvaise : le niveau de vie des travailleurs continue à baisser. C'est même cette baisse continue qui alimente pour une bonne part la croissance, non pas cette fois de l'économie, mais d'une injustice sociale criante.

Car, derrière des statistiques qui se veulent neutres, il y a la réalité. Celle, d'un côté, de nantis qui affichent une prospérité insolente, tandis que la majorité de la population vit de plus en plus mal. Et cela, même quand on a un "vrai emploi". Quant aux chômeurs, aux travailleurs à temps partiel imposé, à ceux qui n'ont qu'un "petit boulot" ou un CDD et à tous ceux qui alternent périodes de chômage et missions d'intérim, l' "embellie" dont se vantent gouvernement et patronat n'est qu'une mauvaise blague.

La véritable embellie, pour tous ceux qui en sont aujourd'hui exclus, ce sera précisément quand le monde du travail demandera enfin des comptes, et avec intérêts à la clé, à tous ceux qui le dépouillent depuis trop longtemps et de la croissance et du reste.

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