Elections municipales : Le logement est un bien élémentaire, indispensable à tous, mais qui ne peut être laissé à la seule charge des communes.02/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1703.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Elections municipales : Le logement est un bien élémentaire, indispensable à tous, mais qui ne peut être laissé à la seule charge des communes.

Une commune, et surtout une commune ouvrière, ne dispose pas des moyens nécessaires pour construire les logements dits sociaux, destinés aux familles du monde du travail, qui manquent. Car il faudrait en construire beaucoup, de très bonne qualité, bien conçus, dans le cadre d'une urbanisation soignée, probablement intercommunale dans bien des cas, qui ne prévoit pas du béton sans jardins et sans arbres, sans transports en commun efficaces, sans équipements scolaires, culturels, sportifs adéquats, sans commerces et services administratifs et publics de proximité, etc.

Il reviendrait à l'Etat de prendre en charge le financement et la mise en oeuvre de programmes cohérents de construction (et de reconstruction) de logements confortables, comme tous devraient l'être aujourd'hui, permettant une vie familiale et sociale conforme aux besoins de chacun, prenant en compte les handicapés, les personnes âgées, les jeunes enfants, etc. C'est loin d'être le cas.

Depuis quelques années, l'Etat se retire de la construction de logements sociaux, construction qui diminue régulièrement : 80 000 en 1994, 50 000 en 1996, 48 000 en 1998, un peu plus de 42 000 en 2000 sur un total de 300 000 logements neufs !

Depuis plus de deux ans maintenant, la loi autorise l'utilisation des fonds collectés au titre du "1% logement" par des constructeurs privés de logements à louer. Ces fonds (qui correspondent en fait à environ 0,45% de la masse salariale et donc à du salaire détourné) sont versés, en principe, par les entreprises et représentent quelque 16 milliards de francs par an, destinés à l'origine à la construction de logements locatifs, de type HLM. L'argent ne manquerait donc pas pour entreprendre de façon massive et résolue la réalisation de logements neufs et bon marché. Non seulement cela ne se fait pas, mais une partie est détournée par des constructeurs privés, qui visent à faire du profit avec les logements qu'ils construisent, vendus et loués ensuite évidemment, au prix fort, inaccessibles à des familles ouvrières. "Nous nous heurtons, depuis la convention de 1998, à des difficultés pour obtenir de l'argent du 1%, en raison de rigidités dans l'utilisation de ses fonds normaux et sociaux" déclarait récemment un directeur de l'Union des HLM, en guise d'explication sur le recul de la construction sociale.

Les discours concernant la "relance du logement social", le vote de la loi pompeusement intitulée "Solidarité et renouvellement urbains" ne sont que du vent. Par exemple, l'une des dispositions de cette loi décide que les conseils municipaux des communes qui ne disposent pas d'au moins 20 % de logements locatifs sociaux doivent définir un objectif de réalisation de tels logements pour atteindre ce quota "dans un délai maximum de vingt ans". D'ici là, chaque année à partir du 1er janvier 2002, selon un calcul compliqué, un prélèvement sur les ressources fiscales de la commune est prévu, à titre d'amende en quelque sorte, pour manque de logements sociaux. Mais quelle efficacité peut avoir une telle disposition ? Les communes les plus riches sont prêtes à payer pour ne pas laisser construire des logements sociaux sur leur périmètre. Tandis que les communes les plus ouvrières possèdent déjà plus que leur quota de logements sociaux mais (lorsqu'elles en auraient la volonté) ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour les entretenir, les réhabiliter, voire les reconstruire. En région parisienne, c'est le cas par exemple de deux communes voisines du Val-de-Marne, Villeneuve-Saint-Georges et Valenton, dont 40 % des logements sont des logements sociaux et dont la plupart sont dans un état vétuste, scandaleux pour tous ceux qui y vivent.

Sans volonté au niveau de l'Etat, entièrement au service des classes possédantes et des capitalistes du bâtiment et de la construction de logements, les communes ne peuvent résoudre la pénurie de logements. Elles n'en ont pas les moyens financiers et le plus souvent, elles n'en ont pas non plus la volonté politique. De plus dans le cadre du fonctionnement actuel, les maires élus pour six ans gouvernent les communes sans que ni les élus ni les électeurs n'aient véritablement les moyens d'intervenir une fois les élections passées.

Bien sûr, aucune commune ne pourrait à elle seule échapper, au niveau local, à la loi du fric qui règne dans la société. Mais si sa population était mobilisée, organisée comme le véritable pouvoir exécutif local, elle pourrait au moins imposer, en matière de logement comme dans les autres domaines touchant à la vie de la collectivité, que les choix faits soient conformes à ses intérêts. Et dans le domaine du logement en particulier, elle pourrait imposer son contrôle sur les réhabilitations et même sur la construction de logements. En commençant par empêcher que les plans immobiliers de la commune la mettent à la merci des Bouygues et autres promoteurs immobiliers privés.

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