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- Lutte ouvrière n°1702
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Dans les entreprises
LU-Danone - Ris-Orangis (91) : Même pour le patron ce n'est pas toujours du gâteau...
Le 13 février huit représentants des quatre syndicats de Lu-Danone de l'usine de Ris-Orangis ont été reçus par Jean Glavany, le ministre de l'Agriculture, dont dépendent les industries agro-alimentaires.
L'entretien fut bref. Le ministre fit semblant de s'enquérir de la situation créée par les menaces sur l'emploi pesant sur la branche biscuits, laquelle ne fait pourtant guère de mystère... tous les médias en ayant largement rendu compte.
Un délégué l'interpella en ces termes : "Il y a eu Michelin, il y a Moulinex, Vivendi et Danone... les vagues de suppressions d'emplois se succèdent. Quelles mesures comptez-vous prendre pour les empêcher ? Vous avez la majorité au Parlement, vous êtes au gouvernement, qu'attendez-vous pour faire une loi interdisant les licenciements ?"
Il lui fut répondu que "le gouvernement réfléchissait à la question, mais qu'il s'agissait d'un problème difficile..." Un autre délégué constata ironiquement : "Puisque de toute façon il semble que ce sont les patrons et Riboud qui commandent, il vaudrait mieux que ce soit eux qui se présentent aux suffrages des électeurs et que nous votions directement pour eux..."
Le lendemain mercredi 14 février le CCE devait se réunir pour se prononcer sur la procédure de droit d'alerte, déposée depuis le 18 janvier dernier, laquelle impose à l'employeur de fournir ses éléments concernant la mise en oeuvre d'un plan social et permet aux membres du comité d'entreprise de désigner un expert pour enquêter sur la situation réelle. Une assemblée générale préparatoire eut lieu à l'usine de Ris-Orangis le même jour à 10 heures. Il y fut décidé d'appeler toutes les usines du groupe à une nouvelle manifestation au siège, boulevard Haussmann, pour le 1er mars à 11 heures, et de lancer une pétition contre les licenciements.
Par ailleurs, le patron étant considéré comme responsable des débrayages qui se sont succédé depuis l'annonce de licenciements et de fermeture d'usines, les délégués ont réclamé à la direction le paiement des heures de grève. Celle-ci y a répondu par un refus de principe mais n'a pas craint de proposer "une prime de 400 F à condition que le personnel soit prêt à faire un effort pour que l'objectif de production du premier semestre soit atteint". Une réponse qui n'a pas manqué de soulever rires et sarcasmes. Il est vrai que la menace du plan social a déjà provoqué une perte de cent trente tonnes de production - pour une moyenne de deux mille tonnes par mois - et qu'avec de telles propositions, la direction n'est sûrement pas près de les récupérer...
Le jeudi 15 le personnel était appelé à un débrayage de deux heures dans toutes les usines du groupe, à l'initiative de la CGT, repris par tous les syndicats à Ris-Orangis. Ce fut l'occasion de faire le point sur les événements de la semaine et de reparler des perspectives de nouvelles actions. Lors de l'assemblée dans l'usine, des journalistes (Le Parisien et Clara, une revue féministe) étaient présents. Ce fut le prétexte d'une intervention de la direction pour leur demander de quitter les lieux. Celle-ci se fit en retour copieusement huer par les présents.
Les journalistes sont d'ailleurs restés jusqu'à ce que les travailleurs eux-mêmes décident de sortir, il faisait très beau et, banderole déployée, c'est joyeusement que le rassemblement s'est continué devant l'usine, renforcé au fur et à mesure par l'arrivée de l'équipe suivante.