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- Lutte ouvrière n°1702
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La Poste - Boulogne (92) : La grève impose des embauches
Les plus de 200 postiers du bureau de poste principal de Boulogne, dans les Hauts-de-Seine, en région parisienne, se sont mis en grève lundi 12 février du fait d'un ras-le-bol accumulé depuis des mois.
En mars 2000, lors de la réduction du temps de travail à 35 heures, une réduction à la sauce Aubry, la direction a supprimé huit tournées, entraînant une surcharge de travail. A cela s'ajoutent une hausse du trafic de 15 % en un an et surtout un sous-effectif chronique, la direction ne remplaçant ni les mutations ni les absences pour congé longue maladie. Tous les jours, il y a des restes de courrier non trié et non distribué. En janvier par exemple, chaque jour, trois tournées en moyenne ont été "à découvert", c'est-à-dire que le courrier n'a pas été distribué. De plus, nos congés sont systématiquement refusés à cause du manque d'effectif. La plupart d'entre nous ont plus de 20 jours de reliquat à solder, théoriquement avant fin avril.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été la situation faite aux "rouleurs", c'est-à-dire aux facteurs remplaçants. La direction avait pris l'habitude de nous affecter chaque jour sur une tournée différente, notamment sur celles qui n'avaient pas été faites la veille. En un jour, on faisait donc le travail de deux jours. Le ras-le-bol général s'est transformé en un coup de colère.
Lundi 12 février, la grève démarrait avec 68 % des facteurs pour exiger une quinzaine d'embauches. Dès le début, l'ensemble des grévistes a tenu à participer à toutes les séances de négociation. Nous étions donc systématiquement près de cinquante en face de la direction. Le premier jour, celle-ci lâchait cinq embauches provisoires mais pour tous, cela ne faisait pas le compte et la grève fut reconduite. Il en fut de même le lendemain à la direction départementale à Nanterre.
Mercredi 13, à 5 heures du matin, nous nous sommes postés à une trentaine à l'entrée du centre de tri voisin, perturbant les entrées et les sorties des camions. Puis nous sommes allés en manifestation au siège social de La Poste à Boulogne.
Le jeudi, les postiers d'autres services du bureau nous rejoignaient dans la grève et, ensemble, nous nous sommes adressés aux usagers par des distributions de tracts et signatures de pétitions, recueillant de nombreux témoignages de compréhension. Puis, en une manifestation animée avec banderoles nous nous sommes rendus à l'hôtel de ville de Boulogne. Le directeur de cabinet du maire nous a reçus, visiblement très préoccupé par l'approche des élections municipales, les plis électoraux risquant de ne pas être distribués.
Vendredi 16 février, après quatre jours de grève, notre détermination était intacte. Et c'est tous ensemble que nous avons participé aux négociations alors que la direction souhaitait recevoir une simple délégation de représentants syndicaux. Finalement à 21 heures, la direction lâchait les douze embauches nécessaires pour combler les postes vacants.
Cette grève a permis de resserrer les liens entre nous, car les trois quarts ont moins de trois ans d'ancienneté. Ceci est de bon augure pour un proche avenir, car chacun est conscient que tous les problèmes ne sont pas réglés et qu'il faut rester vigilants. Et nous avons repris le travail avec la satisfaction d'avoir fait reculer La Poste.