Hispano-Suiza - Colombes et Bezons (Ile-de-France) : Quatre mois de débrayages23/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1702.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hispano-Suiza - Colombes et Bezons (Ile-de-France) : Quatre mois de débrayages

Depuis la mi-octobre, les travailleurs d'Hispano (Groupe Snecma) font des débrayages à répétition plusieurs quarts d'heure par jour à l'appel de la CGT et de la CFDT.

Sur l'ensemble des deux sites, où travaillent neuf cents personnes, environ deux cents débrayent, essentiellement en Fabrication et au Montage.

Leurs revendications portent sur les salaires. Précisément, les travailleurs réclament un rapprochement de leur salaire avec ceux de la Snecma. Par ailleurs ils se battent également pour l'embauche des ouvriers licenciés d'Hispano en 1992.

Les grévistes mènent une fois par semaine des actions à l'extérieur de l'usine : ils ont manifesté devant Dassault à Argenteuil ; ils ont envahi deux fois les ateliers de la Snecma Gennevilliers, où les ouvriers les ont chaleureusement reçus ; ils ont distribué des tracts à Colombes.

A l'usine, près de cinq cents personnes ont signé une pétition - dont des ingénieurs et de la maîtrise - pour que la direction d'Hispano ouvre des négociations.

En effet, dès le début du conflit, la direction a fait la sourde oreille aux revendications salariales des travailleurs. C'est leur détermination qui lui a fait accepter de négocier, mais ses propositions ont été jugées si dérisoires par les grévistes qu'ils les ont rejetées.

Lors d'une nouvelle réunion, non seulement elle n'a rien lâché de nouveau, mais elle a lancé un ultimatum : deux heures pour accepter ses "propositions". Les grévistes ne se sont pas laissé influencer par ce qui était un chantage. Elle a alors durci le ton en disant que, puisqu'elle avait fait des propositions, le conflit n'avait plus de raison d'être, menaçant même deux délégués de la CGT de licenciement pour une pseudo-bousculade. Cet acte de répression a déclenché beaucoup d'indignation. La direction n'a plus alors parlé que de deux et quatre jours de mise à pied. Les syndicats ont répondu à cette provocation en disant qu'ils projetaient de saisir les tribunaux.

Il faut dire que l'arrêt du conflit importe d'autant plus à la direction que les sociétés Snecma et Rolls-Royce la talonnent pour qu'elle fournisse les commandes de boîtiers d'engrenage. D'ailleurs Hispano utilise cette pression pour menacer de faire sortir la production ailleurs, à Villaroche, un autre site de la Snecma, et en Angleterre. Cela ne marche pas, d'autant plus que chacun sait, à l'usine, que le retard dans la production est en partie chronique, il est lié au manque de personnel.

La direction voudrait faire reprendre le travail avec le minimum de contrepartie. Elle a ainsi plusieurs fois proposé une prime de 2 000 F à la reprise. Elle a échoué et elle continue de mettre la pression. Un médiateur a été nommé mais, en tout cas pour l'instant, elle ne veut rien savoir.

Hispano-Suiza a pourtant les moyens de payer.

D'après la revue Le Nouvel Economiste, pour l'année 1999, c'est Hispano qui a fait le plus de bénéfices par salarié : 34 % de mieux que Dassault Aviation qui vient juste derrière, et 80 % de mieux que la Snecma, qui est en 4e position.

Face à une direction qui est bien décidée à continuer d'engranger les mêmes bénéfices pour elle-même et ses actionnaires, les grévistes d'Hispano n'ont pas l'intention de lâcher prise.

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