Moulinex : On ferme !16/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1701.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex : On ferme !

Comme pour les plans de restructuration chez LU du groupe Danone, c'est par voie de presse que les salariés de Moulinex ont appris vendredi 9 février que la direction envisagerait de supprimer 10 % des effectifs, soit 2 200 emplois.

Au cours d'une réunion avec l'encadrement, le PDG Patrick Puy aurait évoqué ce plan en affirmant qu'il était, d'après le journal économique La Tribune qui a révélé l'affaire, "hors de question de demander de l'argent aux actionnaires". Il y avait déjà eu l'annonce d'un plan de fermetures de sites et de suppressions d'emplois il y a un an, mais à la suite de la fusion de Moulinex avec Brandt, d'après les dirigeants la menace semblait s'effacer. Manifestement pas pour longtemps, car ce sont aujourd'hui les sites de Lesquin dans le Nord (700 salariés et 400 intérimaires) et Cormelles-le-Royal dans le Calvados (1 100 travailleurs) qui seraient les premiers visés par des fermetures pures et simples, ainsi que 400 emplois menacés au siège administratif de La Défense.

La direction évoque un déficit pour envisager de transférer en Pologne la production des congélateurs et réfrigérateurs de Lesquin, dans une usine récemment rachetée là-bas par Brandt (Polstar). Quant à la fabrication des micro-ondes de Cormelles-le-Royal, elle serait transférée dans une usine chinoise pour le bas de gamme, dans des usines Brandt en Vendée pour le haut de gamme et à Vendôme pour les fours et mini-fours. Ces délocalisations s'accompagnant bien sûr d'un sérieux dégraissage des effectifs.

Ce n'est pas la première opération de ce genre chez Moulinex, qui a perdu en dix ans 3 700 emplois. Le plan social le plus mémorable était celui de 1996-1997, où l'Etat avait injecté un milliard de francs d'aides, avec notamment la mise en place d'une réduction du temps de travail dans le cadre de la loi Robien (avec réduction des salaires), le transfert des salariés entre usines, des mises en préretraites à 56 ans et malgré tout la fermeture de deux sites importants à Mammers dans la Sarthe et à Argentan dans l'Orne... et l'aide de l'Etat, comme à chaque fois.

Les actionnaires de Moulinex ont largement profité des restructurations successives et fin octobre 2000, avant la fusion avec Brandt, Moulinex affichait une hausse de 7,6 % de son chiffre d'affaires sur l'année (ce qui a fait monter l'action en Bourse). Le nouveau groupe Brandt-Moulinex, troisième groupe européen d'électroménager, annonce actuellement 17 milliards de chiffres d'affaires dans cette branche.

Le plan de restructuration dévoilé dans La Tribune et non démenti par la direction, qui annoncera officiellement son plan le 25 avril, ressemble donc plus à une réorganisation de la production dans le cadre de la fusion, pour faire plus de profits encore, que le fruit de réelles difficultés. Le seul moyen d'en avoir le coeur net sur la situation financière effective du groupe serait que les travailleurs et leurs représentants aient accès librement à l'ensemble des comptes du groupe Brandt-Moulinex, y compris à ce que sont devenus les profits accumulés par le passé, quand la direction et les actionnaires se sont largement sucrés grâce à l'exploitation des travailleurs de Moulinex et aux aides répétées de l'Etat.

Car il n'y a aucune raison pour que les travailleurs de Moulinex soient sacrifiés par cette politique de restructuration et de délocalisation, et que derrière eux soit aussi touchée la population des régions visées par ces fermetures d'usines, déjà durement touchées par le chômage.

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