- Accueil
- Lutte ouvrière n°1701
- La Poste - Paris 10 : La grève pour plus d'effectifs
Dans les entreprises
La Poste - Paris 10 : La grève pour plus d'effectifs
Depuis le 29 janvier, à la poste centrale de Paris 10, nous étions en grève pour des embauches et la création de "quartiers". La distribution du courrier sur un arrondissement est en effet découpée en secteurs ainsi nommés et les grévistes, avec la sympathie affichée des non-grévistes, réclamaient la création de trois nouveaux quartiers afin d'alléger les plus chargés.
Mardi 6 février, la direction proposait des effectifs supplémentaires, mais sans parler de création de quartiers. L'ensemble des grévistes, c'est-à-dire 120 personnes représentant 50 % du personnel de la distribution, rejetaient ces propositions, comprenant qu'il allait falloir se faire entendre plus fort. Ils ont alors poussé dans ce sens les responsables syndicaux qui ne semblaient pas tous convaincus que c'était possible.
C'est pourquoi jeudi 8, plusieurs d'entre nous sont intervenus à la prise de parole pour convaincre les autres facteurs de nous rejoindre et de ne plus laisser sortir une seule lettre du bureau. Le centre était alors bloqué... mais la direction pouvait toujours envoyer ses huissiers. Ils auraient simplement constaté que la grève venait de se généraliser à l'ensemble du personnel !
Jusqu'à la fin de la semaine, nous avons maintenu cette pression, qui était le reflet de notre détermination. Détermination que reflétaient toujours samedi 10 des jeunes camarades invités à Radio Libertaire, dans une interview qui contribuait à rehausser encore notre moral à tous.
Détermination reflétée par l'appel des syndicats aux postiers des autres bureaux parisiens à se rassembler lundi 12 devant notre centre. Il faut dire qu'un certain nombre d'entre nous leur en avaient fait la demande et que bon nombre de bureaux des autres arrondissements regardaient vers Paris 10.
La direction tombe sur un bec
Lundi 12, la direction demandait l'organisation d'un vote sur sa proposition d'augmenter le nombre d'effectifs, mais en refusant toujours de parler de création de quartiers (mais nous étions conscients que des effectifs supplémentaires peuvent disparaître au gré des mutations, alors que les quartiers supplémentaires que nous demandions sont des positions de travail définitives). Elle tentait ainsi d'isoler les grévistes du reste du personnel. Depuis le jeudi en effet régnait un flou artistique quant au nombre de grévistes, personne ne se déclarant gréviste sur la feuille de présence, mais personne ne travaillant non plus.
Quelques-uns ont hésité à accepter un vote de l'ensemble du personnel sur cette proposition, car il s'agissait aussi de faire voter ceux qui ne s'étaient jamais encore déclarés grévistes. Mais jeudi et vendredi, au travers des discussions qu'ils avaient menées tout en bloquant le bureau, les grévistes avaient remporté l'adhésion quasi totale des non-grévistes. Le vote s'est donc retourné contre la direction, puisque 166 sur 199 présents se prononcèrent contre son projet. Deux heures plus tard elle annonçait que les trois quartiers seraient finalement créés.
Le reste des négociations, auxquelles participèrent syndiqués et non-syndiqués, nous a permis d'obtenir le paiement d'une grande partie des 17 jours de grève (il y avait déjà eu deux jours sur le sujet en janvier). La direction, sentant bien que notre pression était toujours là, n'en retiendra que quatre sur nos salaires, à raison de deux par mois.
L'ensemble du personnel a le sentiment d'avoir gagné et d'avoir démontré qu'il est possible de faire reculer La Poste sur sa politique de réduction d'effectifs. Les postiers qui ont rejoint le mouvement au cours de la semaine ont été convaincus eux aussi. Ils ont félicité les grévistes d'avoir su tenir jusqu'au bout.
De plus, tous les facteurs ont pu vérifier, en retrouvant les usagers mardi 13 février, que ceux-ci étaient de leur côté et les félicitaient de leur victoire. La presse avait pourtant cherché encore une fois à démontrer le contraire.
Tout le monde reste cependant vigilant, car d'autres mutations interviendront, et le problème des effectifs se reposera. Nous savons qu'il faudra nous battre à nouveau. Et cette fois-ci avec les postiers des autres bureaux.