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Dans les entreprises
GIAT Industries Saint-Chamond (Loire) : Non au chômage partiel !
Les travailleurs de GIAT Industries, à Saint-Chamond (Loire), refusent les mesures de chômage partiel que la direction de l'entreprise publique d'armement terrestre veut leur imposer.
La direction justifie ces mesures par l'interruption, du fait des Emirats Arabes Unis, de la livraison de chars Leclerc à ce pays.
Un différend sur une clause du contrat signé en 1993 serait intervenu entre l'entreprise et son client. Il resterait une centaine de chars à livrer sur une commande de 436, pour un montant total de près de 24 milliards de francs.
Fin janvier, dès l'annonce de jours de chômage partiel à venir, qui auraient été à prendre sur les congés ou les jours de RTT, les travailleurs répondaient en nombre à l'appel à débrayer des trois syndicats CGT, CFDT et FO. Plus de 400 travailleurs sur les 800 que compte l'entreprise se rassemblaient les mardi 30 et mercredi 31 et, ce jour-là, ils montaient dire à la direction ce qu'ils pensaient de ses mauvais coups annoncés.
La semaine suivante, les annonces de la direction étaient plus précises. Pour tous les services liés à la fabrication du char Leclerc, elle entendait imposer sept jours non travaillés en février (du lundi 12 au vendredi 16, puis les 19 et 23), tous les vendredis de mars et deux jours de formation, et enfin deux vendredis en avril. Suite aux dispositions sur l'application des 35 heures, les travailleurs devaient prendre ces jours sur leurs congés ou leurs jours de repos.
Ces mesures ne passent absolument pas. Les travailleurs ne veulent pas qu'on leur impose de prendre sur leurs jours de congés ou de repos. Plus globalement, ils ont de moins en moins confiance dans les capacités de la direction à leur assurer un emploi stable. Depuis plusieurs années, divers plans sociaux ont fait diminuer de 10 000 les effectifs globaux de l'entreprise. Une bonne partie de l'effectif de Saint-Chamond est constituée de salariés mutés contre leur avis depuis Saint-Etienne, et ils ont l'impression d'être des pions. Ajoutons que les ateliers non liés au Leclerc devant continuer à travailler - ils ont même été pressés, ces dernières semaines, de finir certaines commandes - cette division ne plait à personne.
Tout cela explique sans doute le nombre inhabituellement élevé de travailleurs ayant participé aux débrayages. Le mercredi 7 février, ils se retrouvaient autant que la semaine précédente pour monter à la direction, et, le jeudi 8, ils étaient encore près de 400 à débrayer et à envahir la réunion du CE. Là, la direction locale devait répondre pendant plus de deux heures aux critiques et réflexions hostiles des travailleurs. Lundi 12 février, premier jour de chômage partiel de la semaine, un bon nombre de travailleurs concernés par cette mesure ne sont pas venus à l'usine. Mais près d'une centaine se sont quand même rassemblés à l'entrée d'un atelier pour bien signifier à la direction leur refus catégorique d'accepter ce chômage partiel. Une nouvelle fois, ils sont montés à la direction. Finalement, celle-ci a concédé le paiement des jours travaillés pour ceux qui viendraient à l'usine. Tous les présents ont considéré ce geste comme une petite victoire.
Dès le lendemain, quasiment tous les travailleurs des secteurs travaillant pour le Leclerc, au courant du recul de la direction, étaient présents à l'usine. Cette annulation de fait du chômage partiel allait être officialisée le soir même pour tout GIAT Industries. Une nouvelle preuve que des travailleurs déterminés peuvent faire reculer, au moins sur une de leurs revendications, une direction qui se moque de leurs intérêts.