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Leur société
Congrès exceptionnel du PCF : Une nouvelle formule pour une même politique ?
"Il ne faut pas rater ce rendez-vous : l'année 2001 doit donc être l'année de l'émergence, dans le paysage politique de notre pays, du nouveau Parti Communiste." a déclaré Robert Hue dans son intervention au conseil national de son parti qui s'est tenu les 27 et 28 janvier derniers. Ce congrès exceptionnel devrait avoir lieu courant octobre afin d'accoucher de ce "nouveau" parti communiste qu'il appelle de ses voeux depuis des années.
"Il faut pousser jusqu'au bout la logique de Martigues." "Il faut modifier, en profondeur, le mode de vie, l'organisation, les structures du Parti Communiste." Le secrétaire national du PCF n'a pas lésiné sur les formules choc, "changement d'époque", "changement radical". Pour autant son intervention est révélatrice de la faible marge de manoeuvre dont il dispose.
Il y a près d'un an, lors du congrès de Martigues, le PCF avait ouvert les instances dirigeantes du Parti à des "personnalités" extérieures au Parti, dont certaines avaient un parcours différent, voire hostile, au PCF . La même démarche qui avait prévalu dans la constitution de la liste Bouge l'Europe n'avait guère été probante.Cependant Hue persiste et signe.
Il justifie sa démarche, expliquant : "Il nous faut opérer une véritable percée politique, sans quoi Martigues risquerait de n'être plus considéré que comme une simple annonce dont les effets se feraient attendre... et pourraient bien alors, tout simplement, ne plus être attendus." Une percée politique, certes, mais comment ? Et pour quelle perspective ?
C'est qu'il prétend changer sans rien modifier. Il ne veut pas compromettre la participation gouvernementale et l'alliance avec le Parti Socialiste (ou plutôt à sa remorque) : il a même tenu à rapeller qu'il voulait "loyalement la réussite de la gauche plurielle ". Dans le même esprit, le Conseil national s'est félicité du nombre record d'accords conclus, dès le premier tour entre le PCF et le PS pour les élections municipales, ce qui se résume par des listes où le PCF dilue, une fois encore, son identité. Pour contrebalancer verbalement son propos, Hue déclare ne pas "limiter (les) choix stratégiques uniquement, ou même principalement, au rôle que joue actuellement le Parti Communiste en son sein" et rejette "sans appel l'idée de nous situer comme l'hypothétique aile gauche d'une nébuleuse social-démocrate." Plus facile à dire qu'à faire.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la politique du PCF "manque de lisibilité " comme le déplore Hue.
Celui-ci ne propose pas, pour l'instant, d'abandonner lors de ce prochain congrès l'appellation de communiste : "Renoncer, si peu que ce soit, à l'affirmation de notre identité communiste moderne, constituerait un manque dramatique pour notre pays et notre peuple." En fait, ce nouveau congrès entérinera sans doute un nouveau pas dans l'abandon de statuts, de références, qui rattachent encore, même de façon lointaine, le Parti Communiste à ses origines. Il s'agit d'aller encore plus loin dans l'abandon des formes d'organisation actuelles.
La direction du Parti Communiste, ne demanderait pourtant pas mieux que de se débarrasser de ce passé, pour devenir ouvertement un parti social-démocrate. Sauf qu'en France, la place est déjà prise par le Parti Socialiste. Alors... il y a gros à parier que ce congrès exceptionnel n'apporte rien d'exceptionnel.