Voir : Capitaines d'Avril, de Maria de Medeiros02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Capitaines d'Avril, de Maria de Medeiros

Reconstitution du 25 avril 1974, jour du déclenchement à Lisbonne de la révolution des oeillets , ce film présente les vingt-quatre heures qui virent, au Portugal, la fin de presque un demi-siècle de dictature salazariste. Le principal héros est un personnage historique, le capitaine Maia, qui avec un escadron de blindés mit le régime à bas et captura le gouvernement. Les autres personnages, militaires ou civils, peints dans le détail ou simplement esquissés, sont imaginaires mais pleins de vérité.

Comme le titre l'indique, le point de vue est celui des capitaines, de ces officiers en début de carrière sur qui, à l'armée, retombe tout le sale boulot. C'est leur rôle dans les guerres africaines qui a fini par les révolter. On voit en détail la réalisation de leur coup d'Etat : prise du pouvoir dans une caserne, marche sur le centre de la capitale, prise de la radio, prise des ministères, confrontation avec les troupes gouvernementales qui passent du côté de la rébellion, reddition du chef du gouvernement, libération des prisonniers politiques.

Mais à côté des problèmes des capitaines, on voit aussi ceux des simples soldats et de la population civile : la peur de partir pour la guerre, la misère, le sous-développement du pays, la répression de la police politique (la PIDE), l'opposition politique des groupuscules gauchistes et celle du PS et du PC, qui ont bien peu de présence réelle.

Et surtout, Maria de Medeiros montre l'explosion populaire déclenchée par le putsch des capitaines, dans des scènes de foule qui rappellent les photos et reportages d'époque. Bien sûr cette mobilisation populaire n'en est alors qu'à ses débuts et le but du film n'est pas de faire une histoire de toute la période d'effervescence qui a suivi, d'avril 1974 à novembre 1975 et au-delà.

Il reste que les événements et certaines réflexions des personnages constituent des jalons pour la suite. Lorsque les jeunes capitaines doivent passer par le général Spinola pour négocier avec le chef du régime, Caetano, soucieux que le pouvoir ne tombe pas dans la rue , Maia a beau dire que le pouvoir y est déjà, dans la rue : on pressent avec lui que Spinola et la caste des généraux n'ont pas pour seul but la liberté et le bien-être du peuple...

Le film se termine sur une note désenchantée : dans les années qui suivent, le héros meurt, les autres se recasent, qui à gauche, qui à droite. Mais il reste cette formidable explosion populaire involontairement déclenchée par les jeunes capitaines. Cette explosion, même si la bourgeoisie et les politiciens à son service ont réussi cette fois encore à la limiter et à la maintenir dans les limites du pouvoir bourgeois, permet d'imaginer que d'autres explosions sont possibles. Vingt-six ans après, les événements du 25 avril 1974 au Portugal donnent ainsi des raisons d'espérer.

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