Retraites : Le Medef toujours à l'offensive02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Le Medef toujours à l'offensive

Le 25 janvier, appelées par l'ensemble des organisations syndicales, les manifestations contre les projets du Medef sur les retraites ont rassemblé dans la plupart des grandes villes du pays des dizaines et des dizaines de milliers de personnes. Dans un très grand nombre d'entreprises privées, les débrayages ont été pratiquement unanimes. Cela a été enregistré comme un incontestable succès par les médias comme par tous les participants.

Pourtant, au lendemain, le patron des patrons, Seillière, n'avait rien perdu de son arrogance et déclarait que le Medef n'avait pas l'intention de changer quoi que ce soit à son projet, tout en se disant prêt à rouvrir les négociations.

Sur cette base, tout récemment, Denis Kessler, le second du Medef, s'est adressé à ceux qu'il appelle nos amis partenaires syndicaux pour les inviter à de nouvelles discussions sur les retraites, avant le 10 février prochain. Il a été précisé qu'il n'était pas question de toucher au principe de la remise à plat du régime des retraites complémentaires mais qu'il était toujours possible de discuter sur les modalités et les façons de faire en sorte que les patrons payent moins et que les salariés, ou l'Etat, payent plus. Aucune des grandes centrales syndicales n'a franchement décliné l'invitation.

Le Medef, ce parti du grand patronat, maintient donc ses positions face à ce qu'il déclare être le problème des retraites en général et des régimes généraux des retraites complémentaires en particulier, l'Arrco (pour tous les salariés) et l'Agirc (pour les cadres). Il veut imposer aux salariés 45 ans de cotisation pour avoir droit à une retraite à taux plein et a appelé les patrons à ne plus approvisionner le fonds qui gère les retraites complémentaires, pour les retraités actuels ayant moins de 65 ans. Si cet appel était suivi d'effet, cela signifierait à brève échéance pour l'ensemble des préretraités et des retraités actuels une amputation pouvant atteindre plus de 20 % de la part complémentaire de leurs pensions, pensions considérées cependant comme garanties au moment où ils ont cessé de travailler. C'est dire que pour un grand nombre de travailleurs retraités aujourd'hui, le projet du Medef fait peser une menace grave sur leurs conditions de vie.

Les patrons ne veulent pas payer, ne veulent pas prendre sur les profits considérables qu'ils ont réalisés grâce à la sueur des retraités d'aujourd'hui. Le plus souvent relayés par les médias, ils répètent à satiété qu'il y a un problème démographique, que le papy boom va vider les caisses de retraite, qu'il n'y aura bientôt plus assez de travailleurs au travail pour, selon le langage des patrons, entretenir les travailleurs à la retraite.

Ils parlent de l'allongement de la durée de la vie comme d'une catastrophe et oublient de parler de tous les travailleurs qui, aujourd'hui, n'arrivent pas jusqu'à l'âge de la retraite ou n'en profitent que très peu de temps parce qu'ils ont été tellement exploités qu'ils arrivent à la retraite usés et malades. C'est le cas de bien des travailleurs à la chaîne, de tous ceux qui occupent des postes à la production, sur les chantiers, ceux à qui reviennent tous les sales boulots du bâtiment, des mines, de la construction navale, des faïenceries, etc.

Les patrons ne parlent évidemment jamais non plus des gains de productivité, qui font en sorte que chaque travailleur produit beaucoup plus de richesses qu'il y a ne serait-ce que dix ans, permettant de compenser largement l'augmentation du nombre des retraités, tout en assurant à ces derniers des revenus corrects. Et si au lieu de continuer à licencier, de laisser plus de deux millions de travailleurs au chômage, les patrons embauchaient et payaient des salaires corrects, le prétendu problème posé par les retraités et même les pré-retraités ne se poserait pas. Il serait même tout à fait possible d'avancer largement l'âge du départ en retraite au lieu de se proposer l'aberration de le reculer tout en laissant des dizaines de milliers de jeunes faire la queue dans les ANPE.

Mais les hommes du Medef ne l'entendent pas ainsi. Non seulement ils ne veulent pas payer un sou de plus et faire face à l'augmentation du nombre de retraités, mais ils veulent payer encore moins qu'ils ne déboursent à l'heure actuelle.

Face à cette politique offensive du patronat, le gouvernement Jospin ne dit rien et les confédérations syndicales préparent seulement leur retour à la table des négociations. Parfois en faisant mine d'avoir des réticences, ou d'avoir d'autres projets, comme la CFDT qui annonce qu'à son avis une réforme globale est nécessaire, pour tous les régimes , débordant en quelque sorte le Medef sur sa droite. Mais aucune direction syndicale n'a visiblement l'intention de donner à la journée du 25 janvier une autre suite que cette perspective de nouvelles négociations.

Pourtant, ce 25 janvier, dans la rue, des centaines de milliers de manifestants ont montré ce qu'ils pensaient des projets du baron Seillière et consorts. Et il n'y a que de cette façon, par les armes qui sont celles des travailleurs, par la grève, dans les entreprises, les bureaux, sur les chantiers et dans les ateliers, dans la rue, qu'il sera possible de faire ravaler leurs projets à tous les patrons. C'est cette contre-offensive-là qu'il faut préparer.

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