Le centre de tri postal du Bourget (93) a connu une grève, du mercredi 24 au vendredi 26 janvier. La revendication principale était la requalification en CDI des contrats des 40 intérimaires menacés de fin de mission . En effet, il ne s'agit pas d'intérimaires ayant travaillé durant un ou deux contrats pour un surcroît temporaire d'activité et s'attendant d'avance à changer de travail. La plupart des 40 jeunes embauchés en intérim ont au contraire signé contrat sur contrat, jusqu'à plus de 40 à la suite!

C'est la nouvelle mode à La Poste. Après avoir plus ou moins cessé d'embaucher des fonctionnaires, elle s'est d'abord mise à embaucher des postiers en CDI, et maintenant elle embauche des postiers intérimaires , qui en fait font le même travail que les autres, sont seuls sur les machines, forment seuls les nouveaux arrivés mais ne sont pas sûrs d'avoir un travail plus de quinze jours. Tout cela est illégal. Mais La Poste s'en moque. Car même en cas de recours devant le conseil des Prud'hommes, même condamnée, La Poste gagne : un patron n'est pas obligé de réintégrer un salarié injustement mis à la porte (à part les responsable syndicaux ou les femmes enceintes). Elle est belle, la Loi !

La Poste Courrier International, ayant perdu du trafic au profit d'entreprises concurrentes, se retrouvant avec des postiers CDI sans travail, veut se débarrasser de ses postiers intérimaires. Au centre du Bourget TIM, la majorité des agents CDI des brigades du soir ont donc débrayé à partir de mercredi 24 janvier à l'appel de la section CGT, entraînant les agents intérimaires le jeudi et le vendredi.

Pour tous ces jeunes intérimaires de 22 ans en moyenne, faire grève semblait impossible quelques jours auparavant. Impossible, du fait de la pression des chefs et des agences d'intérim : tout ce beau monde multipliait les menaces et expliquait que les intérimaires n'avaient pas le droit de grève. Faire grève c'est rompre le contrat de travail , Si vous faites grève, c'est fin de mission le jour même Pourtant tous les travailleurs ont le droit de grève. Et lorsque les intérimaires ont décidé la grève, la direction a vu l'ampleur du désespoir et de la révolte en cours : malgré toutes les menaces, l'idée était qu'il n'y avait plus rien à perdre.

Des contacts ont été pris avec des agents d'autres centres, la presse a commencé à se faire l'écho de la grève La direction a vu que la situation devenait compliquée. Le vendredi soir, le chef de centre a été muté et la direction a téléphoné aux agences d'intérim Adecco, Manpower, et Crit pour leur dire qu'aucune fin de mission n'était programmée et que tous les dossiers allaient être remis à plat...

D'après la CGT intérimaires, c'était la première grève d'intérimaires dans la Fonction publique. Si c'est vrai, il est sûr que cela ne sera certainement pas la dernière.