Cour des comptes : Quelques cas de gaspillage épinglés... et le gaspillage permanent au profit des capitalistes02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Cour des comptes : Quelques cas de gaspillage épinglés... et le gaspillage permanent au profit des capitalistes

La Cour des comptes - cet organisme chargé de contrôler les dépenses de l'Etat - a rendu son rapport annuel le 24 janvier et, comme chaque année, elle relève un certain nombre de dysfonctionnements , c'est-à-dire de gaspillages de l'argent public.

Par exemple, l'organisation de la Coupe du monde de football, en 1998, a coûté au contribuable 10 milliards de francs, ce qui fait un peu cher du prestige ! Les balladurettes et jupettes , ces primes versées aux constructeurs automobiles pour leur permettre de relancer le marché en baissant le prix de vente, se sont montées à 8,8 milliards de francs, sans pour autant atteindre leurs objectifs, en ce qui concerne les secondes.

Pour les demandeurs d'asile aussi, la Cour des comptes a un point de vue critique, mais purement comptable il est vrai. Selon elle, les procédures complexes, les internements multiples et les crédits dispersés font que l'OFPRA (l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) prend du retard dans les délais pour examiner les cas, qui sont passés en quelques années de deux à six mois, allongeant les séjours dans les centres d'accueil et, pire, ne se donnant pas la peine d'examiner sérieusement les demandes. C'est ainsi qu'un cinquième des demandeurs d'asile rejetés sont finalement repêchés lorsqu'ils font appel devant une commission.

Un autre aspect du rapport de la Cour des comptes concerne la baisse des crédits dans certains secteurs pourtant indispensables. C'est ainsi que le réseau routier national est insuffisamment entretenu, rendant certaines voies dangereuses. Le Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne a aussi vu ses crédits affectés à la prévention des incendies passer de 100 à 60 millions par an, pour les reporter sur l'achat de matériel lourd, plus spectaculaire, ou de dépenses de carburant qui ne devraient pas être dans son budget, alors que les trois quarts des 20 000 kilomètres de pistes coupe-feu ne sont pas entretenus.

Certaines collectivités locales aussi sont épinglées, notamment pour avoir renouvelé des contrats par anticipation, pour les services de l'eau ou de l'assainissement, avant que ne paraisse la loi de janvier 1993 les obligeant à la transparence . Mais cette année, élections municipales obligent, elles ne sont pas citées afin, affirme la Cour des comptes, de ne pas pénaliser celles qui ont été contrôlées par rapport aux autres ! Mais pourquoi les électeurs de ces communes n'auraient-ils pas le droit de savoir ce qui a été fait, et en l'occurrence mal fait, avec l'argent de leurs impôts ? On est loin de la transparence affichée.

Cette année, la Cour des comptes a examiné 23 cas. Mais dans combien d'autres se produisent des irrégularités ? Et puis, les rapports qui se succèdent annuellement n'ont guère modifié les façons d'agir des acteurs et des bénéficiaires du système, et on entend rarement dire que la barre a été redressée lorsqu'un établissement public est mal géré, ni que l'Etat demande à ceux qui ont été indûment arrosés de rembourser les pots-de-vin.

De toute façon c'est en permanence que l'argent de l'Etat est gaspillé, sans que l'on parle alors de dysfonctionnements , qu'il s'agisse de subventions ou de cadeaux fiscaux faits aux entreprises sous prétexte de préserver l'emploi , ou bien de commandes coûteuses et inutiles à la population, comme les commandes d'armement ou la construction du porte-avions Charles-de-Gaulle, par exemple. Cela, c'est le fonctionnement normal, régulier, du capitalisme. Dans le même temps, l'Etat n'offre que 0,5 % d'augmentation de salaire aux fonctionnaires et leur demande de modérer leurs revendications salariales...

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