Belgique : Le gouvernement fait de la surenchère sur l'extrême droite02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Le gouvernement fait de la surenchère sur l'extrême droite

En ce début d'année, l'actualité en Belgique est marquée par la volonté du gouvernement de réformer la politique concernant le droit d'asile. Justification invoquée : les immigrants seraient sous le joug de mafias, de filières qui profiteraient de ce qu'en Belgique les candidats réfugiés politiques touchent une allocation égale au minimex (un revenu minimum semblable au RMI). Déclaration du Premier ministre à ce sujet au quotidien Le Soir : pas question que la Belgique soit le CPAS (aide sociale en Belgique) des pays d'Europe de l'Est ! Il serait donc très ferme sur les expulsions. Dès le 10 janvier 2001, ces mesures devaient entrer en vigueur.

Pendant les vacances de Noël, l'Office des étrangers où les demandeurs d'asile doivent se faire enregistrer à Bruxelles a été fermé durant quelques jours. Une grande file de demandeurs (plusieurs centaines de personnes !) se formait pour rien devant les bureaux fermés puis repartait arpenter désespérément les rues de Bruxelles, sans logis ni même d'endroit où aller. C'est Médecins Sans Frontière et le Samu social qui se sont occupés de quelques-uns pour les loger dans des locaux ou même dans une école ! Selon le directeur de Médecins Sans Frontière, l'accueil des réfugiés était mieux organisé dans certains pays africains qu'en Belgique, alors que ces pays en comptent bien davantage ! Et le chaos fut renforcé par la décision subite du gouvernement d'avancer la date d'entrée en vigueur de ses mesures du 10 au 3 janvier.

Il fit dresser des tentes militaires près des locaux de l'Office des réfugiés pour que ceux qui attendaient aient un peu plus chaud. L'attente était longue puisqu'il n'y avait que 10 fonctionnaires dans ce service, en tout et pour tout, pour un millier de personnes qui attendaient dehors !

Aux frontières, le gouvernement fit multiplier les contrôles. Ainsi, entre le Luxembourg et la Belgique où il n'y a quasiment plus de frontière, il y avait 2 km de file pour passer le barrage mis en place pour contrôler voitures et camions.

Pour ce qui est des centres d'accueil, le gouvernement a réquisitionné d'anciennes casernes et des lieux de vacances. Certains responsables de ces lieux se sont rebellés contre cette réquisition et ont obtenu gain de cause devant les tribunaux. A plus long terme, il est prévu que le privé s'occupe de ces centres. Des appels d'offres ont déjà été lancés.

Quant à l'autre volet de la politique, ce sont les expulsions. Un premier avion de 34 personnes originaires du Kazakhstan est parti pour ce pays. Cet avion a décollé une première fois et fait demi-tour pour des raisons peu claires. On évoque le refus des autorités kazakhes de laisser atterrir l'avion militaire à Almaty, la capitale. Puis il est de nouveau reparti avec les expulsés.

Ce ne sont évidemment pas les premières expulsions. Le tribunal enquête en ce moment sur des Tziganes, convoqués pour régulariser leurs dossiers, qui ont été tatoués avec une encre quasi indélébile et embarqués directement pour être expulsés. Une plainte a été déposée par l'Union des Juifs progressistes de Belgique à qui cela rappelait certaines méthodes !

En octobre dernier, quand le Premier ministre avait annoncé ces mesures qui reprenaient une partie du programme de l'extrême droite contre le droit d'asile, un certain émoi s'était exprimé. L'extrême droite avait encore accru son score à Anvers, où elle est la première force politique de la ville (elle est surtout présente en Flandre). Cela dit, l'opposition est restée pour le moins timide car le gouvernement est une coalition arc-en-ciel regroupant libéraux, socialistes et écologistes, et tout ce beau monde (même Ecolo, qui se veut une force politique neuve, différente des autres !) s'accorde pour trouver des justifications à une politique scandaleuse.

Partager