Après les 25 et 30 janvier, quelle suite ?02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Après les 25 et 30 janvier, quelle suite ?

Après le succès de la journée du 25 janvier, celui de la journée de la Fonction publique le 30 janvier, contre la politique salariale du gouvernement, mesure l'ampleur du mécontentement des salariés, tous secteurs confondus.

Les fonctionnaires s'insurgent, à juste titre, contre les dérisoires propositions de leur ministre Sapin, qui leur propose une augmentation de 0,5 %. Une misère, quand on sait que leur pouvoir d'achat a considérablement régressé depuis 1982. On voudrait nous faire croire qu'ils sont des privilégiés. Privilégiés les aides-soignantes, les infirmières, les postiers, les cheminots, les instituteurs ? Alors que plus de la moitié d'entre eux gagnent moins de 9 600 F net par mois pour accomplir des tâches indispensables à la collectivité ! Des milliardaires comme le baron Seillière ou son acolyte Kessler et leurs porte-parole osent le prétendre et prétendre même qu'ils seraient trop nombreux. Mais on sait, dans les milieux populaires, que c'est un mensonge colporté par des nantis.

Si le gouvernement refuse l'augmentation des salaires de ceux qui dépendent de lui, c'est bien sûr pour disposer de milliards destinés au patronat. Mais c'est aussi pour montrer qu'il sait rester ferme sur les salaires afin d'empêcher tout risque de contagion à l'ensemble des salariés. Le refus de Jospin-Sapin est une autre façon de venir en aide au patronat.

Cette connivence entre patronat et gouvernement illustre la nécessité d'une convergence des luttes de tous les salariés. Ceux de la Fonction publique veulent des augmentations de salaires substantielles qui ne soient pas des aumônes. C'est aussi le cas des salariés du secteur privé, à qui on a menti des années durant en leur disant que la situation des entreprises nécessitait qu'ils se sacrifient. Eux aussi doivent revendiquer de substantielles augmentations de leurs salaires.

Pour ce qui concerne la retraite, là encore, les intérêts de l'ensemble des salariés sont communs. Le Medef invoque hypocritement l'inégalité entre la Fonction publique qui ne cotise que 37 ans et demi, et le secteur privé qui doit cotiser 40 ans. Il feint d'oublier que c'est Balladur qui a rompu cette égalité, en imposant l'augmentation de la durée de cotisation nécessaire dans le secteur privé. Si ces messieurs étaient soucieux d'égalité, pourquoi ne ramèneraient-ils pas la durée de cotisation à 37 ans et demi pour tous ? Et si, à terme, les caisses de retraite se vidaient, il suffirait de prendre l'argent sur les plantureux profits des patrons, qui se sont enrichis grâce aux gains de productivité considérables et à l'accroissement de l'exploitation des travailleurs. Il y aurait largement de quoi procurer à l'ensemble des travailleurs en activité ou en retraite de quoi bien vivre.

Mais ce n'est pas la voie que prend le gouvernement, qui se prépare au contraire à reculer l'âge de la retraite dans la Fonction publique.

Les revendications essentielles de tous les salariés sont les mêmes. Ensemble, ceux du public et ceux du privé, ils constituent une force qui pourrait faire céder le front commun du patronat et du gouvernement. Les succès des journées de cette fin janvier démontrent que le monde du travail sait réagir lorsqu'on le lui propose.

Il serait logique que l'action se poursuive et s'élargisse. Au lieu de cela, les directions syndicales temporisent. Il a suffi que Nicole Notat se déclare satisfaite de la possibilité de reprendre les négociations avec le Medef pour que les dirigeants des autres syndicats utilisent cela comme alibi pour ne rien proposer de plus, versant quelques larmes sur l'unité perdue, et se félicitent à leur tour de la reprise du dialogue. Pourtant rien n'empêcherait que les plus décidés entraînent ceux qui le sont moins, au lieu que ce soit l'inverse.

Les travailleurs ont su réagir. Mais ils ne peuvent pas se contenter de laisser leur avenir entre les mains de ceux qui, dirigeants syndicalistes ou politiciens de gauche, prétendent les représenter.

Il est indispensable qu'ils s'occupent eux-mêmes de leur sort.

Partager