Parlement européen - Au menu de la session : Comment classer les questions urgentes26/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1698.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Parlement européen - Au menu de la session : Comment classer les questions urgentes

Pour ne pas rompre avec ses habitudes, la première session 2001 du Parlement européen à Strasbourg, du 15 au 18 janvier, avait un ordre du jour aussi chargé qu'hétéroclite. Un gros paquet de rapports financiers sur le fonctionnement d'institutions et programmes de l'Union européenne, d'autres sur la pêche, la circulation automobile, le transport aérien ; divers projets d'aides aux PME, aux jeunes agriculteurs, à la "filière bois", aux entreprises européennes présentes au Bengladesh (sous couvert d'aide à ce pays, l'un des plus pauvres de la planète). Les questions dites d'environnement, fort prisées par le Parlement européen, étaient également bien représentées, telle la "protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, des Etats de l'Union européenne", une directive sur la conservation des habitats naturels (dont celui, sans doute fort important, du joliment nommé scarabée pique- prune)... Et, comme toujours, la portion congrue pour les questions sociales, à part un rapport sur la situation des travailleurs frontaliers.

C'est dans ce contexte habituel, bien révélateur des préoccupations du Parlement européen, que dès l'ouverture de la session, Francis Wurtz, député européen et dirigeant du PCF, avait demandé, au nom du groupe qu'il préside (la GUE-NGL, Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique, à laquelle sont associés les élus de Lutte Ouvrière et de la LCR), à poser en urgence la question du plan de fermeture d'usines et donc de licenciements chez Danone.

Francis Wurtz demandait à juste titre l'urgence, expliquant que la question était de "dimension européenne". Le président du groupe socialiste européen, Enrique Baron Crespo, se dit aussitôt favorable à cette demande et proposa... de renvoyer le débat en commission des affaires sociales. Bref, il était urgent de ne rien faire ou même dire. Le dirigeant du PCF, Francis Wurtz, allait-il protester ? Non, il acquiesça au contraire. Le porte-parole de la droite européenne n'avait plus qu'à se prononcer contre tout débat public sur la question et la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine, à passer à l'ordre du jour prévu.

La question ne put cependant être enterrée. Alors que les salariés de Danone faisaient grève et manifestaient, jeudi 18 janvier, notre camarade Arlette Laguiller interpella les élus européens en séance plénière en ces termes :

"Le Parlement a proposé, lundi, que la situation des salariés du trust européen Danone, qui se voient menacés de 3 000 suppressions d'emplois dans la branche biscuiterie, dont 1 700 en France, soit examinée par la commission des affaires sociales.

Mais il y a urgence et nous ne savons pas quand la commission se réunira sur ce sujet.

Pour ce qui me concerne, à la veille du comité du groupe européen de Danone et alors que les salariés sont aujourd'hui en grève, je veux affirmer ma solidarité et celle de mes camarades vis-à-vis de ces travailleurs. Il est révoltant qu'un trust multimilliardaire puisse pousser au chômage et à la misère des milliers de travailleurs."

Ce à quoi le président de séance répondit que, "étant donné l'importance de cette question", Arlette Laguiller devrait s'adresser à Michel Rocard, président de la commission des affaires sociales. Sans doute pour que cet ancien Premier ministre socialiste français transmette à son successeur actuel, Jospin, dont on sait comment, devant un plan tout aussi révoltant de suppressions d'emplois chez Michelin, il prétendait ne rien pouvoir faire...

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