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Parlement européen - Armes à l’uranium appauvri : Propos lénifiants et hypocrisie
Etant donné l'émotion soulevée par la révélation que d'anciens militaires ou fonctionnaires européens souffrent et, pour certains, sont morts du "syndrome des Balkans" après la guerre menée par l'OTAN à la Serbie en 1999, le Parlement européen avait prévu de débattre du sujet.
Des spécialistes avaient rappelé qu'on connaissait le danger de contamination par des armes à l'uranium appauvri depuis bien avant la guerre des Balkans et même celle menée par l'OTAN contre l'Irak en 1991. Mais prenant ses fonctions de président pour six mois de l'Union européenne, le Premier ministre de la Suède (un Etat se voulant neutre) commença par justifier, au nom de la démocratie, l'intervention de l'OTAN dans les Balkans. Cela sans dire un mot de leurs populations, premières victimes de cette sale guerre, et qui continuent à en faire les frais. Quant aux victimes militaires et civiles occidentales des armes à uranium appauvri, ce monsieur déclara en termes à peine voilés qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs...
Puis vint le tour du secrétaire général du Conseil européen et haut représentant pour la PESC (la politique militaire de l'Union européenne), Javier Solana, qui, après avoir été ministre du gouvernement espagnol, occupa durant la guerre des Balkans le poste de secrétaire général de l'OTAN. Son discours fut un modèle de cynisme mêlé de mensonges. "Les Etats de l'Union européenne étant démocratiques, ils n'avaient rien à cacher, ne cachent rien et diront tout" sur les armements à l'uranium appauvri, affirma-t-il. En vertu de quoi, il expliqua... n'avoir rien à expliquer. Il fallait, dit-il, "inspirer la confiance" aux peuples d'Europe au lieu de les affoler avec cette affaire car "rien ne prouve que l'uranium appauvri soit pour quelque chose" dans les décès.
De toute façon, cette intervention militaire "était justifiée" et "avait été voulue par le Parlement européen", martela Solana en rappelant aux députés européens que, de la droite aux socialistes et aux Verts, l'immense majorité d'entre eux avait approuvé et soutenu la guerre de l'OTAN. Car c'est bien ce qu'essayait de faire oublier une "résolution de compromis" prônant un moratoire sur l'emploi des armes à uranium appauvri, résolution soutenue plus ou moins ouvertement par la quasi-totalité des groupes politiques du Parlement européen.
Les élus européens de Lutte Ouvrière et de la LCR ont voté l'amendement de la GUE demandant l'interdiction des armes à uranium appauvri, "tout en sachant qu'une guerre injuste n'en deviendrait pas pour autant une guerre propre", comme l'ont expliqué nos camarades Arlette Laguiller, Armonie Bordes et Chantal Cauquil. Et nos députés et ceux de la LCR ont donc voté contre la "résolution de compromis" pour "protester contre l'usage des (telles) armes, contre les guerres elles-mêmes à l'occasion desquelles elles ont été utilisées, mais aussi contre l'hypocrisie des partis qui ont soutenu ces guerres".