L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Patronat cynique et gouvernement hypocrite, les deux font la paire !26/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1698.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L'éditorial d'Arlette LAGUILLER : Patronat cynique et gouvernement hypocrite, les deux font la paire !

(Editorial des bulletins d'entreprise du 22 janvier 2001)

Le grand patronat est décidément insatiable. Les grandes entreprises annoncent des bénéfices en hausse constante. La fortune des gros actionnaires double parfois en un ou deux ans. Mais cela ne lui suffit pas. Il veut amputer la retraite à soixante ans, déjà sérieusement mise à mal par Balladur, qui avait imposé quarante ans de cotisations minimum à la Sécurité sociale au lieu de 37 ans et demi (ce que Jospin n'a pas rétabli). Et pour contraindre les organisations syndicales à accepter son projet, le MEDEF, qui veut imposer 45 ans de cotisations, pour avoir une retraite complémentaire complète, a décidé de ne plus approvisionner le fonds qui gère ces retraites complémentaires pour les retraités de moins de 65 ans.

C'est-à-dire que, dès le mois d'avril, les préretraités et tous les retraités de moins de 65 ans risquent de voir leur retraite subir un abattement qui pourrait s'élever à plus de 20 %.

Or, quand ces travailleurs sont partis à la retraite, ils étaient en droit de considérer que leurs retraites étaient garanties. Revenir dessus est parfaitement scandaleux. Et tous les discours sur de prétendus problèmes démographiques n'y changeront rien.

Oui, un travailleur arrivant aujourd'hui à la retraite a une espérance de vie plus longue qu'il y a cinquante ans. Il aura un peu plus de temps pour profiter enfin de la vie. Eh bien, tant mieux! Mais pourquoi les bénéfices des entreprises ne pourraient-ils pas servir à financer ces retraites ?

Car il ne s'agit même pas d'amener tous les travailleurs âgés à travailler plus longtemps. Dans un pays qui compte encore officiellement plus de deux millions de chômeurs, quelque sept cent mille préretraités, le seul objectif de ces mesures est d'appauvrir un peu plus les travailleurs en fin d'activité pour enrichir encore plus les actionnaires.

Les patrons, leurs cadres supérieurs, partiront eux à la retraite avec des revenus de plusieurs dizaines de milliers de francs par mois en plus de leur fortune. Et ils osent, pour engranger encore plus de profits, s'en prendre aux modestes retraites des salariés sur le travail desquels ils ont accumulé ces richesses ?

Quant au gouvernement, qui pourrait parfaitement légiférer à ce sujet s'il le voulait et imposer au patronat de ravaler son projet, il se tait, faisant mine de considérer que ce problème ne le concerne pas.

Le ministre de la Fonction publique, Sapin, d'accord en cela avec le vice-président du MEDEF, Kessler, a trouvé « étrange » que des syndicats de la fonction publique appellent à manifester le 25 janvier avec les travailleurs du privé, comme si les intérêts des travailleurs du privé et du public n'étaient pas liés. Car il ne s'agit pas seulement du problème des retraites du secteur privé. Il ne s'agit pas seulement d'un problème qui n'intéresserait que les travailleurs qui vont partir à la retraite dans les années qui viennent. Il s'agit d'une nouvelle offensive, menée par le patronat et le gouvernement à son service, pour réduire une fois de plus le niveau de vie des travailleurs. Ce sont les mêmes patrons, le même gouvernement, qui prônent la « modération salariale » et qui remettent en cause le système de retraite.

Puisque dans deux mois nous serons invités à nous prononcer sur le choix des équipes municipales, profitons donc de l'occasion pour exiger des candidats qui brigueront nos suffrages, qu'ils prennent clairement position sur ce problème des retraites.

Et en attendant, faisons tout pour que la journée du 25 janvier soit un succès, pour qu'elle soit la première étape d'une riposte d'ensemble de la classe ouvrière et qu'elle montre au patronat et au gouvernement qu'à trop tirer sur la ficelle... ils pourraient bien se casser la gueule.

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