SPN Fourmies (Nord) - 7e semaine de grève : Le patron commence à reculer19/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1697.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SPN Fourmies (Nord) - 7e semaine de grève : Le patron commence à reculer

La Société de Parachèvement du Nord est une filiale des Verreries de Momignies (Belgique). On y dépolit à l'acide des flacons destinés aux grands parfumeurs. Depuis le 4 décembre les deux tiers des 70 ouvriers (dont 18 précaires) sont en grève pour les salaires, les conditions de travail, l'embauche des précaires (cf LO n° 1692 et 1694).

La ténacité des grévistes et la solidarité de la population travailleuse de Fourmies leur ont permis d'obtenir un premier résultat : après six semaines de grève et alors que l'usine existe depuis onze ans, le sous-préfet a admis que les conditions de travail étaient insalubres et dangereuses et qu'il allait faire mettre l'usine aux normes. Il a ressorti pour l'occasion un dossier de l'inspection du Travail datant de 1998 ; le dossier avait été enterré, l'inspecteur du travail muté et toujours pas remplacé. Pour l'instant ce ne sont que des promesses, mais les grévistes sont bien décidés à les faire respecter.

Quant aux autres revendications, salaires et embauches, le sous-préfet s'est déclaré incompétent. Allons donc, l'Etat a su subventionner la SPN pour qu'elle s'installe, il a laissé perdurer pendant onze ans une situation dangereuse, il a menacé les grévistes d'expulsion... et il serait incapable de contraindre un patron à augmenter les salaires ?

Le directeur de l'usine, lui, a répété depuis le début de la grève : "Les ouvriers n'auront rien, les cadences ne diminueront pas, la grève est une mauvaise habitude de Fourmies, si les ouvriers ne reprennent pas le travail, je ferme l'usine".

Face à cela, la solidarité financière et morale des travailleurs fourmisiens a permis aux grévistes de garder le moral. Mercredi 10 janvier Arlette Laguiller leur a rendu visite, la discussion a été chaleureuse. Après cette visite, qui avait dû énerver le directeur, la police est venue prévenir les grévistes que les personnes étrangères à l'usine n'avaient pas le droit d'y pénétrer sous peine d'expulsion de tous les grévistes...

A la fin de la semaine passée (la sixième de la grève) le député PS de la circonscription a pris contact avec le patron. De même, lundi 15, le maire (PCF) de Fourmies a déclaré qu'il ne fallait pas que les ouvriers soient humiliés en reprenant avec rien. Ces soutiens, tardifs et timides, venant même après celui du préfet, viennent du fait que toute la population travailleuse (et donc une bonne partie de l'électorat de ces Messieurs...) prend fait et cause pour les grévistes.

Enfin, mardi 16, une trentaine de grévistes se sont invités, sans rendez-vous, dans le bureau du grand patron, en Belgique. Ce dernier a commencé par dire la même chose que son directeur fourmisien, puis il a lâché du lest : 2 000 F dès la reprise du travail, intégration de la moitié de la prime de production au salaire (soit 250 F d'augmentation du salaire de base, sachant que la prime était rarement atteinte), promesse de "non-discrimination" contre les précaires grévistes.

Le mercredi 17 les grévistes devaient discuter de tout cela et revoir le patron pour, dans un dernier coup de collier, obtenir que les 2 000 F grossissent et soient versés chaque année et que les précaires soient réellement embauchés.

En tout cas, ils savent qu'ils tiennent le bon bout et ils ne lâcheront pas.

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