La Régie autonome des transports publics de la région parisienne fait une campagne d'affiches et d'animation intitulée "Ensemble, conjuguons ville et sérénité". On y trouve des "stations habillées aux couleurs du zen", des "espaces de détente ou massages et dégustations", ainsi qu'un "Petit guide de la sérénité".

La RATP publie depuis longtemps un hebdomadaire gratuit intitulé "A nous Paris". Dans le numéro du 8-14 janvier, un article accompagne cette campagne. On peut y lire les précieux conseils suivants, sous le titre "La sérénité ? Et si vous commenciez tout de suite" : "Faites le test : écoutez-vous parler pendant une journée. Vous serez surpris du nombre d'expressions, de remarques et de jugements négatifs que vous utilisez... Essayez de dire la même chose de façon positive. Dans les jours qui suivent, tentez de bannir les négations de votre vocabulaire. Peu à peu vous positiverez automatiquement. Vous verrez, ça change tout !"

Nous avons donc essayé. Au lieu de dire comme d'habitude : "Ça fait vingt minutes qu'on attend ce fichu bus, quand va-t-il arriver ?", nous avons proclamé, sur un ton léger : "Cette parenthèse temporelle nous sort de l'agitation, merci à la RATP de nous permettre cette relaxation".

Ou encore, plutôt que : "Qu'est-ce qu'on est entassés, le conducteur arrivera-t-il à fermer les portes ?", nous nous sommes exclamés, gaiement : "Ah, quelle joie de se sentir si proches les uns des autres, et quel intéressant spectacle que la manoeuvre des portes".

Voilà, essayez : vous n'arriverez pas plus tôt, vous ne paierez pas moins cher et, si vous faites ces remarques à voix haute, on risque de vous conduire... à l'asile.