Grève dans les Caisses d’Epargne19/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1697.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grève dans les Caisses d’Epargne

Mardi 16 janvier, ce sont près de 2 000 salariés des Caisses d'Epargne qui se sont retrouvés dans les rues de Paris pour manifester. 90 % des agences parisiennes étaient fermées. L'assemblée générale du matin a réuni 700 personnes, soit encore plus de participants que d'habitude alors que depuis le mardi 9 janvier, une série de grèves agite les entreprises du réseau des Caisses (celles où il y a "l'écureuil"). Certaines, dont la Caisse de Paris, la plus importante, sont en grève sans discontinuer depuis cette date et quelques résultats partiels encouragent à la poursuite du mouvement.

À l'appel de l'intersyndicale nationale (CFDT, CGT, CFTC, CGC, FO, SU), un mot d'ordre national de grève avait été lancé pour le 9 janvier en direction des 40 000 salariés des Caisses, avec pour principale revendication l'augmentation générale des salaires (ceux-ci sont bloqués depuis deux ans). Ce jour-là, la grève a été massivement suivie dans toutes les entreprises du réseau et, pour la première fois, elle a été reconduite le lendemain par plus de la moitié des Caisses (19 sur un peu plus d'une trentaine). C'est à la suite de cela qu'un autre mot d'ordre de grève nationale a été lancé pour le mardi 16, date de la réunion d'une commission mixte des salaires réunissant syndicats et patronat des Caisses d'Epargne.

La grève nationale est accompagnée dans de nombreuses Caisses de mouvements locaux appuyant souvent des cahiers de revendications locales. C'est ainsi que des Caisses arrêtent le mouvement, puis repartent, etc.

À la Caisse d'Epargne de Paris (3 000 salariés) c'est la grève complète ; plus de la moitié des salariés sont grévistes après une semaine de grève, avec une assemblée générale quotidienne toujours très fréquentée (plus de 500 grévistes).

De plus, la paralysie complète du service du courrier interne, indispensable pour assurer le fonctionnement des 300 agences réparties sur Paris, vient fortement perturber le fonctionnement de l'entreprise.

Les grévistes de Paris revendiquent :

- la suppression de la "GERC" (Gestion événementielle de la relation client), un véritable système de harcèlement informatique et de mouchardage sophistiqué en cours de généralisation qui tend à dicter à l'employé sa conduite et lui demande des comptes en cas de manquement ; la CERG est proprement vomie par tous ceux qui y sont déjà soumis !

- 5 "points" d'augmentation pour tous localement (soit environ 300 F mensuels qui s'ajouteraient à une éventuelle augmentation nationale), revendication déjà mise en avant lors d'une grève précédente en mars 2000)

- la réduction du temps de travail sans baisse de salaire (nous travaillons actuellement 36 h 30 par semaine), avec 90 embauches compensatoires

- le paiement des jours de grève.

L'assemblée générale des grévistes a également adopté une motion de solidarité avec les convoyeurs de fonds qui enterraient l'un des leurs assassiné le 3 janvier.

La grève a été marquée par une occupation du siège de la Caisse d'Epargne de la rue du Louvre pendant deux jours.

Le nouveau directeur des "relations humaines et sociales", nommé depuis trois mois, a inauguré son règne en demandant au tribunal l'intervention de la police pour obtenir l'évacuation des grévistes (alors que l'occupation était pacifique et que les non-grévistes pouvaient travailler). Ce haut fonctionnaire se prétend pourtant "socialiste". Ancien conseiller de Pierre Bérégovoy, il se déclare partisan d'un rapport "de gouvernance entre partenaire sociaux" (?) fondé sur la "transparence". Ce qui ne l'empêche pas de pantoufler à la direction d'une entreprise privée pour un salaire d'environ un million de francs annuels aux côtés d'un président de directoire qui, lui, appartient au RPR.

Avant la journée du 16, les patrons parisiens ont commencé à lâcher un peu de lest : la "GERC" serait remisée temporairement au placard et les cinq points, à défaut d'être attribués à tous, seraient distribués systématiquement aux oubliés des promotions ou des récompenses individuelles selon une périodicité de trois ans.

Mardi 16 janvier, jusqu'à 19 heures, la manifestation, colorée et dynamique, avec sonos et pétards, a joué à cache-cache avec la délégation patronale qui avait tenu à garder secret le lieu de réunion avec les syndicats.

La direction a encore lâché un peu de lest : une augmentation générale des salaires de 0,7 % au 1er janvier 2001 et une autre de 0,5 % à effet au 1er juillet.

C'est un encouragement pour continuer le mouvement.

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