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Leur société
Paris-Dakar : Cachez-moi ces conflits
Dans l'étape du Paris-Dakar qui ralliait Smara, au Sahara occidental, à el Ghallaouiya en Mauritanie, un véhicule d'assistance qui s'était écarté de la piste a sauté sur une mine. Cet accident a eu lieu à proximité du «mur de défense», en fait une zone minée, érigée dans les années 80 par le Maroc pour empêcher les incursions des combattants saharaouis qui, depuis 1975, lui disputent la souveraineté sur le Sahara occidental.
Hubert Auriol et les organisateurs de ce rallye à grand spectacle (et gros budget publicitaire !) se posent aujourd'hui en victimes ; ils ne seraient que des sportifs, ils ne feraient pas de politique mais se retrouveraient pris en otages dans des conflits qui ne les regardent pas, etc.
En tout cas, ils n'ignoraient rien des risques qu'ils faisaient courir aux participants puisqu'en 1996 déjà, un camion appartenant à la caravane du Paris-Dakar avait sauté sur une mine dans le même secteur, entraînant la mort de l'un des passagers.
Quant à ne pas faire de politique, il leur faut une sacrée dose d'hypocrisie pour le prétendre car c'est bien avec les régimes en place qu'ils passent des accords pour traverser le pays, c'est encore avec eux qu'ils traitent pour bénéficier d'une assistance ou d'une protection militaire. Sans parler du soutien qu'ils apportent à tous ces régimes, en assurant, via la couverture des médias, la promotion des régions concernées.
Quoi qu'ils en disent, les organisateurs du Dakar - comme bon nombre de participants d'ailleurs - n'éprouvent que du mépris pour les populations qui vivent dans les régions traversées. Non seulement pour les revendications qu'elles peuvent exprimer, mais aussi pour leur existence même ; chaque année d'ailleurs, des villageois sont victimes des véhicules lancés à vive allure. Quant à l'étalage des moyens mis en oeuvre pour permettre aux pilotes et surtout aux fabricants de se faire remarquer, il constitue une véritable provocation face à la misère des populations africaines.
Quant aux accidents, qu'ils concernent les villageois ou les membres de l'assistance technique, ils n'ont jamais empêché les organisateurs de remettre ça chaque année. Pourvu que les annonceurs et les chaînes de télé paient, la sinistre comédie continue.