- Accueil
- Lutte ouvrière n°1696
- Papon, victime de la lenteur de la justice
Leur société
Papon, victime de la lenteur de la justice
C'est ainsi que l'on pourrait interpréter le long plaidoyer de son avocat qui s'insurge, dans une contribution parue dans le quotidien Le Monde contre le fait que ce vieillard de 91 ans soit actuellement le plus vieux détenu de France. Le fait est incontestable.
Mais c'est dans la pleine vigueur de sa jeunesse que, haut fontionnaire de la préfecture de Gironde sous Pétain, il fut l'un des organisateurs de la déportation de plus d'un millier de Juifs, hommes, femmes, vieillards, mais aussi enfants qui étaient parmi les plus jeunes dans ces convois à destination de Drancy d'où ils furent ensuite emmenés vers les camps de la mort nazis. Il fallut l'acharnement de quelques proches des victimes pour imposer son procès et cette condamnation, un demi-siècle après la fin de la guerre !
Avant son procès, Papon fit, sous la Quatrième République, puis la Cinquième, une belle carrière de préfet, terminant préfet de Police de Paris sous de Gaulle. Il s'illustra entre autres dans la répression de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 qui fit au moins 200 morts, certains manifestants ayant même été jetés dans la Seine par des policiers sous sa responsabilité. Quelques mois plus tard, le 8 février 1962, toujours sous sa responsabilité, la police provoqua la mort de 9 manifestants, dont 8 militants du PCF, au métro Charonne à Paris, lors d'une manifestation anti-OAS. Papon était alors dans la force de l'âge, comme la plupart des victimes des sbires qu'il commandait. Pour ces exactions meurtrières, Papon ne fut même pas jugé.
A la retraite, son passé ne lui fit aucune ombre et ne l'empêcha nullement de devenir député gaulliste du Cher et membre de conseils d'administration de sociétés honorablement renommées.
Mais il fallu bien du temps pour que l'on inculpe Papon pour la première fois, en 1982. Puis encore quatorze années de tergiversations, de procédures judiciaires annulées pour que le procès de Papon, qui allait aboutir à sa condamnation en avril 1997, s'ouvre enfin.
Ah si seulement la justice n'était pas si lente !